À Marseille, Mathilde Aurier transforme un fait divers tragique en fresque polyphonique où l’intime se heurte au politique avec une ironie mordante. « 65 rue d’Aubagne » envisage la catastrophe comme rupture de langage, fracture entre les vivants, fissure du collectif. Ce que devient une ville quand ses murs s’effondrent.
Au Théâtre de la Bastille à Paris, Aurélia Lüscher explore de façon audacieuse la mort dans la société occidentale contemporaine qui fait tout pour la tenir à distance. Délicate tentative de réconciliation avec le cycle de la vie, « Les corps incorruptibles » restaure le rituel funéraire en réinjectant de la poésie dans les funérailles.
Pour le Studio 8 de l’École du Nord, Jonathan Drillet et Marlène Saldana revisitent très librement « Douze hommes en colère » de Reginald Rose, transformant le jury en autant de Donald Trump + 3. Farce hilarante sur l’absurdité du moment, « 15 Trumps en colère se noyant dans leur propre merde » confirme la résistance des auteurs-metteurs-en-scène au fascisme ambiant. Jubilatoire.
Photo Élysée à Lausanne interroge ses collections en posant un nouveau regard sur les archives photographiques du studio Lehnert & Landrock, corpus d’images qui a façonné et diffusé l’iconographie d’un Orient fantasmé, exotique, profondément marqué par le contexte colonial de l’époque. Une relecture courageuse, à la fois critique et introspective.
À Genève, la seconde édition de l’exposition-festival KorSonor, biennale hybride qui conjugue les arts sonores et visuels, accueille dix-sept artistes et plusieurs nouvelles productions, faisant du son, au-delà de sa célébration comme vecteur esthétique, un prisme politique, arme de résistance, miroir des enjeux socioculturels et politiques contemporains.
À Paris, la galerie Maubert rend hommage à Sylvie Fanchon en proposant une traversée dans trente ans de création. « Expensive » explore, avec beaucoup d’humour, la valeur de l’art, le statut de l’artiste et sa désacralisation, tout en instaurant un dialogue avec des œuvres de Marcel Broodthaers et de Cathy Berberian.
Pour sa première exposition monographique à la galerie Anne Barrault à Paris, Ibrahim Meïté Sikely invite à une plongée dans son univers personnel où se croisent le réel et le fantastique, les références culturelles populaires et les questionnements politiques. Véritable odyssée picturale « Je deviendrai ce que j'aurais dû être » dévoile une peinture à la fois douce et violente, comme la vie.
Seule sur scène, Jessica Guilloud évoque son enfance en Isère, la maison où elle a grandi, sa famille, la salle des fêtes où l’on célèbre les anniversaires, la classe populaire rurale blanche dont elle est issue. Stand up triste co-écrit et mis en scène par Laurène Marx, « Jag et Johnny » dit la difficulté de revenir chez soi quand on est un transfuge de classe.
À La Commune CDN d’Aubervilliers, Olivier Coulon-Jablonka et Sima Khatami s’emparent de l’affaire Rémi Fraisse en proposant le procès d’un non-procès. Avec les dix mille pages du dossier d’instruction pour scénario pris en charge par sept comédiens, « Non-lieu » mène une enquête sur l’enquête et sur le fonctionnement de la machine judiciaire.
Le musée de Grenoble accueille la première exposition d’envergure en France de l’œuvre étrange, sensuelle, viscérale d’Alina Szapocznikow. Survivante de la Shoah, emportée très tôt par un cancer du sein, la sculptrice franco-polonaise n’a eu de cesse d’élaborer un nouveau langage plastique fondé sur le corps, entre érotisme et trauma, éminemment vivant.