L’arrivée des boat people fuyant la chute de Saïgon en 1975 a redessiné les contours de l’hospitalité nationale. L’autrice et metteuse en scène franco-vietnamienne Marine Bachelot Nguyen signe une fresque théâtrale qui fouille obstinément les strates de l’héritage diasporique à travers la rencontre d’une famille vietnamienne rescapée des mers de Chine avec la famille française qui l’héberge.
Dix-huit ans après « L’Effet de Serge », pièce fondatrice qui suivait la solitude créative d’un homme-orchestre dans ses mini-spectacles dominicaux, Philippe Quesne imagine son pendant, « Le paradoxe de John » qui interroge avec une malice feutrée la place de l’art dans notre quotidien.
Le musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne, sa ville natale, célèbre le centenaire de la mort de Felix Vallotton, peintre, graveur, illustrateur et dessinateur de presse, écrivain et critique d’art, auteur prolifique à l’esprit lucide et l’humour grinçant. « Vallotton Forever » réunit 250 œuvres abordant pour la 1ère fois toutes les facettes de la création du plus parisien des peintres suisses.
Au Théâtre national de Bretagne, Guillaume Vincent et Florence Janas, duo gémellaire et malicieux, s’unissent dans un pas de deux qui défie la gravité du deuil. Cabaret de l’âme, faux documentaire dans lequel l’intime se déguise en farce surréaliste, où la mère se laisse apprivoiser par des pinceaux jaunes et des moustaches postiches, « Paradoxe » bouleverse tout sur son passage.
S’inscrivant au cœur d’une géographie artistique mondiale qui transcende les frontières, la cinquième édition de BIENALSUR déploie ses ramifications jusqu’à Rome. Le projet curatorial « Invocations » imagine quatre expositions qui construisent ce parcours romain interrogeant les relations entre les corps humain et non-humains. Une invitation à nous décentrer.
La nouvelle performance de Steven Cohen, « People Will People You », serait-elle sa dernière ? Dans un dialogue à nu avec le public, l’artiste sud-africain, maître du travestissement ayant passé quatre décennies à habiller ses plaies en créature sublime, choisit enfin de tomber le masque, ou plutôt, de le craqueler.
Reprendre la matière d’une chanteuse mythique, en faire un personnage de théâtre tout en préservant l’intimité de sa voix, voilà le pari risqué de la pièce « Barbara (par Barbara) ». Emmanuel Noblet s’empare avec audace de la figure de la dame brune portée avec une justesse déconcertante par Marie-Sophie Ferdane, accompagnée du musicien Olivier Marguerit.
Solo autofictionnel né de la rencontre de Dimitri Doré, adopté enfant en Lettonie puis élevé en France, avec le comédien-metteur en scène Jonathan Capdevielle, le spectacle part d’une quête d’identité et se déploie à travers la matière des « dainas », ces courts poèmes populaires lettons qui chantent l’amour, la douleur, la nature, la mémoire des ancêtres.
À Marseille, Mathilde Aurier transforme un fait divers tragique en fresque polyphonique où l’intime se heurte au politique avec une ironie mordante. « 65 rue d’Aubagne » envisage la catastrophe comme rupture de langage, fracture entre les vivants, fissure du collectif. Ce que devient une ville quand ses murs s’effondrent.
Au Théâtre de la Bastille à Paris, Aurélia Lüscher explore de façon audacieuse la mort dans la société occidentale contemporaine qui fait tout pour la tenir à distance. Délicate tentative de réconciliation avec le cycle de la vie, « Les corps incorruptibles » restaure le rituel funéraire en réinjectant de la poésie dans les funérailles.