Le chantier du CDG Express avance, le RER B se dégrade faute de finances, mais la ligne 17 Nord bénéficie d’un soutien renforcé, avec le rejet de l’appel contre le permis de la gare du Triangle en plein champ et la création d’une société dite "d’intérêt national" pour une Cité scolaire, sous bruit intense. Tandis que le recensement de 2019 affiche une perte d’attractivité record du pôle de Roissy.
La Société du Grand Paris, qui officie en grande prêtresse du Grand Paris Express, utilise des procédés dignes des apprentis-sorciers transformant le plomb en or : ici le bilan négatif des lignes non seulement devient positif, mais va jusqu'à augmenter de 745 % (ligne 17 Nord) et même 1875% (ligne 18), sans la moindre justification. Déconstruction.
Depuis 40 ans, la politique de développement du Val d'Oise se focalise sur l’aménagement du Grand Roissy. En 2012, l’EPA Plaine de France programme 25 projets, censés générer 132 000 emplois. Dix ans après, bilan dérisoire : seuls 2 projets achevés, avec 5000 emplois… Malgré la déroute, les élus - appuyés par l’État - s'entêtent à voter 3 autres projets le 8 juillet 2022. Analyse sans concessions.
La surestimation des bienfaits induits par le Grand Paris Express (GPE) repose sur un mythe qui a la vie dure : attribuer un rôle structurant à une organisation spatiale reposant sur quelques grands pôles dits d’« excellence » ayant une importance métropolitaine, reliés par un supermétro « express » essentiellement en zone dense, censé irriguer l’ensemble des banlieues.
L'un des objectifs du Grand Paris Express (GPE) est de « réduire les inégalités actuelles en termes d’accessibilité aux territoires et pôles d’emplois de la métropole». On mesure ce critère aux « progrès » effectués à partir des gares. Sauf que celles-ci n’ont nullement été pensées au service des usagers, mais des « pôles d’excellence » franciliens qui concentrent les richesses, donc les emplois…
Notre analyse se base sur la notion des "territoires vécus", des espaces structurés par la vie quotidienne des habitants. Ce qui permet de restituer aux "emplois résidentiels" - liés à la population locale - leur véritable poids au sein du pôle de Roissy.
Nous présentons ici l'organisation territoriale du Grand Bassin de Roissy, composé de 5 territoires emboîtés. Notre analyse repose sur la prise en compte des "territoires vécus", structurés par les activités quotidiennes des habitants, aux antipodes des "territoires prescrits" respectant des périmètres institutionnels.
Grâce à des calculs fallacieux, la SGP affiche une rentabilité de la ligne 17 Nord totalement usurpée, faisant miroiter d'énormes "gains de temps" de transport. Ce qui est particulièrement inopérant pour un réseau essentiellement métropolitain avec des gares très éloignées non seulement des pôles d’habitat - donc des travailleurs, principaux usagers des TC - ...mais aussi des destinations finales.
Le site de la Société du Grand Paris (SGP) indique pour Roissy « 92 000 emplois sur la plateforme ». Problème : le chiffre englobe les postes du Bourget. Plus grave, il fait miroiter « un potentiel de 132.000 emplois à terme» justifiant la ligne 17 Nord et les gares de Roissy CDG 2 et 4. Pire encore, l'évaluation - datant de 2012 - comprend Europacity et le terminal T4... abandonnés ! Désintox.
On ne le répétera jamais assez : le projet du Grand Paris Express (GPE) est fondé sur des postulats, des illusions et des mythes, tels les gains de temps de trajet, la maîtrise de l'étalement urbain et la densification autour des gares.