La ligne 18 Orly- Versailles a pour velléité de relier les 3 bassins d’Orly, Massy et Versailles. En réalité, il s’agit d’un axe de transit qui traverse sans les desservir trois territoires extrêmement différents, qui fonctionnent indépendamment les uns des autres.
La société du Grand Paris (SGP) s’évertue à prouver que les bénéfices attendus de son supermétro Grand Paris Express (GPE) vont générer un surcroît de richesses ruisselant sur l’ensemble des territoires desservis. Pour justifier la gare Aéroport d'Orly de la ligne 18 jusqu'à Versailles, elle comptabilise 173 000 habitants situés au diable Vauvert, recomptés en double pour la ligne 14...
Dès les années 2000, Gonesse est excédentaire en emplois. Piètre victoire : chaque jour 7600 actifs quittent la ville pour travailler, croisant 12400 actifs venant occuper les postes. Pour qu'un emploi bénéficie à un Gonessien, il faut en créer 6. La ligne 17 n'y changerait rien : les filières d'activités - décalées par rapport aux compétences des habitants - recrutent des actifs extérieurs.
Le principal argument avancé par la Société du Grand Paris (SGP) pour justifier la ligne de métro 17, est de prétendre qu’elle desservirait « 565 000 Franciliens des territoires ». Mais d’où sortent toutes ces populations soit-disant bientôt desservies ? D'un. côté, une multiplication miraculeuse d'usagers, de l'autre des besoins fantômes qu'on peine à justifier. Tentative de déconstruction
Par un extraordinaire coup de baguette magique, les emplois directs de Roissy qui plafonnent depuis des années autour de 85 000... seraient miraculeusement passés à 403 000 « emplois soutenus »... avec les soi-disant retombées en chaîne générées par le pôle. Un pactole d'emplois qui se révèle être purement virtuel : il ne correspond à aucune réalité sur le terrain. Explications et démonstration.
Nous poursuivons notre analyse des emplois surestimés de Roissy. On constate cette fois que les "emplois directs" de la plateforme stagnent depuis une décennie, alors que le trafic aérien connaît de 2010 à 2018 une croissance de 24%. D'où un taux MPPA (nombre d'emplois par million de passagers) qui a perdu toute signification, bien que toujours utilisé pour justifier des prévisions fabuleuses.
Le pôle de Roissy est loin d'être la locomotive du développement économique de l'Ile-de-France qui nous est sans cesse vantée. "Dans les 15 ans à venir, des projets majeurs sont appelés à voir le jour, totalisant des dizaines de milliers de nouveaux emplois", s'enthousiasme l'Institut Paris Région dans une brochure sur" Le Grand-Roissy-Le Bourget". La réalité est autrement plus prosaïque...
Non, Mmes Pécresse et Cavecchi, la ligne 17 ne va pas « changer la vie » de 565 000 Franciliens. C'est bien commode de défendre l'ensemble de la ligne 17, alors que la 17 Sud dessert des communes très peuplées (Saint-Denis, La Courneuve), tandis que la 17 Nord Le Bourget / Roissy traverse un territoire qui ne dépasse pas 6 habitants/ hectare... Où sont les populations soi-disant à « désenclaver »?
Agglutiner 50 communes comme autant de pièces de puzzle disparates posées sur un territoire, n’a aucune chance de constituer spontanément une image globale. Surtout au service du scénario unique d'un hypothétique développement du pôle de Roissy désormais bien menacé, censé booster un ensemble de 711 000 habitants.
Les décideurs ont géré le territoire comme s’il était inhabité, à disposition. On y a implanté Roissy, développé Le Bourget, bâti 10 000 logements sous les pistes, dans une irrépressible fièvre à «boucher les trous» non urbanisés, sacrifiant l'identité locale et le cadre de vie. Reste le Triangle de Gonesse, en partie préservé parce qu’interdit à l’habitat. C’est nier la rapacité des bétonneurs.