« Exécution en règle », « couteau dans le dos »… Une dramatisation de la situation est mise en scène par les partisans d’Europacity, qui ne décolèrent pas, après l’annonce du Président de la République de l’abandon de ce temple de la consommation. Un projet qui par sa démesure et son inutilité représentait la parfaite caricature d’un consumérisme dépassé.
Régulièrement, on oppose au combat du Collectif Pour le Triangle de Gonesse (CPTG) qui défend les terres agricoles, les résultats d’un sondage commandité par les promoteurs du méga-projet, tendant à accréditer une proportion soi-disant considérable d’habitants «favorables à Europacity ». Examinons de plus près cette infox.
A l'issue du débat public de 2016, la direction d'Europacity a choisi les statistiques les plus arrangeantes, s'abritant derrière l’État, quitte à tordre la vérité et à prétendre ne supprimer AUCUN EMPLOI ! Mais depuis, la crise de la grande distribution, le dérèglement climatique, la concurrence entre grands pôles ont fortement décrédibilisé ce projet et rendu les promesses bien aléatoires...
Roissy, « manne d’emplois » pour son territoire ? On peut en douter ! Pôle métropolitain ultra-spécialisé en Transport-Logistique, il recrute sur 10 départements et des centaines de lieux pour trouver sa main-d’œuvre. La plate-forme n’emploie que 5 % des actifs de son bassin. Et avec la perte de 20 000 emplois en 9 ans, Roissy est loin de l’image positive d'un supposé "moteur économique"...
Dans des espaces dissociés (pôles d'emplois sans habitants, d'habitats sans emplois) on prétend recoudre la fracture territoriale par des transports inutiles, aggravant la situation sans la résoudre (faible mobilité des actifs, galère des réseaux saturés, pollutions)... Florilège d'idées reçues et contre-vérités, voulant justifier une politique obsolète, exprimée par la révolte des gilets jaunes.
Les promoteurs de grands projets nous illusionnent avec les milliers d'embauches qu'ils font miroiter. Hélas, les additions sont abusives, les multiplications hasardeuses, les soustractions (suppressions d'emplois) oubliées, et les divisions (coût d'un emploi) jamais effectuées... Remise de pendules à l'heure, avec les "vrais" chiffres d'Europacity.
Pour séduire les habitants du territoire, la direction d'Europacity ne lésine pas sur les moyens d'enjoliver son projet, afin de susciter l'adhésion par un effet "Waouh" de sidération. Il a même latinisé son nom -Ceetrus- au lieu d'Immochan. Mais, malgré l'avis favorable de la dernière enquête publique, les oppositions grandissent. Quant au contenu du projet, il sonne toujours désespérément creux.
La main-d'oeuvre locale est la grande oubliée des promoteurs : aucune analyse de ses qualifications et compétences. Des manipulations statistiques grossières proclament "76% des emplois d'Europacity accessibles aux populations du territoire". En réalité : 45% d'habitants peu ou pas qualifiés sont exclus ; 31% des actifs locaux sont de niveau Bac et plus, contre 71% des métiers prétendus.
Europacity est un pôle "ultra-spécialisé" (80 métiers, alors qu'on en répertorie 10 000) qui ne peut pas recruter sa main-d'oeuvre dans un périmètre de proximité. Tout comme Roissy ou Disneyland, deux pôles métropolitains spécialisés (qui offrent respectivement 200 et 500 métiers), Europacity devrait étendre sa zone de recrutement sur un périmètre gigantesque.
Pour valider la construction de son pharaonique centre de commerces et loisirs Europacity sur les excellentes terres agricoles du Triangle de Gonesse, Auchan ne recule devant aucun argument pour valoriser les retombées soi-disant mirifiques de son mégaprojet. Revue de détail du critère Emploi, au 1er rang des préoccupations des français.