Trop souvent, les décideurs en matière de transports (élus, administrations, entreprises…) confondent allègrement la fonction de TRANSIT (traverser rapidement un territoire) de type BIP et la fonction de DESSERTE (faire du cabotage entre pôles d’habitat et assurer les liaisons avec des pôles d’emplois) de type tram-train T11. L'intérêt des usagers n'est absolument pas le même !
Qu'il s'agisse de la Métropole du Grand Paris (MGP), du pôle et du bassin de Roissy, ou des sites Triangle de Gonesse, plateau de Saclay, tous ces territoires souffrent du même mal : être la proie d'intérêts capitalistiques qui aggravent les inégalités et tentent de priver les populations résidentes de leur capacité à «s'autofinaliser », décider elles-mêmes de leur propre destin. Réquisitoire.
Élus Val d’Oisiens et militants écolos partagent le constat de la forte dépendance de l’Est-95 avec la Métropole, mais s’affrontent sur la stratégie. Les uns misent sur des transports lourds pour accéder aux emplois de Roissy et désormais à ceux de la Défense. Les seconds plaident pour le "transport évité", avec des emplois sur place et des liaisons de proximité, répondant aux besoins locaux.
« Comment peut-on être écologiste et contre un métro ? » ironisent les promoteurs invétérés de la ligne 17 Nord. Oubliant sans doute un peu vite qu’un métro n’est jamais qu’un moyen de transport et comme tous les outils n’est ni bon, ni mauvais en soi. Tout dépend de son usage. Desservir des vers de terre, des milliardaires ou des touristes n’est guère utile aux habitants locaux. Démonstration.
Une fois de plus, la presse colporte la fable de 15% d’actifs du Val d’Oise travaillant à Roissy. C’est aussi le chiffre repris dans les documents du Conseil Départemental 95 et de la Région. Or, en me basant sur le dernier recensement Insee (2019) domicile-emploi, je trouve des chiffres jusqu'à 7 fois inférieurs à ce score, selon le territoire de référence. Explications ?
Le 15 novembre 2023, paraissait dans Les Échos un article signé Hugo Robert : « le Val d’Oise ne veut plus être le parent pauvre du Grand Paris Express ». Une fois de plus, les élus du Val d’Oise se plaignaient que le département soit « le grand oublié » de la politique d’aménagement de l'Ile-de-France. C'est occulter que celle-ci ne répond nullement aux besoins des Val d'Oisiens.
En Ile-de-France, d'un SDRIF à l'autre, revient comme une antienne l'ardente obligation de "polycentrisme", au nom du rééquilibrage Emploi/Logement. Mais jamais l'hypercentre de l'agglomération n'a autant phagocyté l'emploi, jamais habitat et activités n'ont autant aggravé l'étalement urbain, jamais les transports n’ont été aussi galère, jamais la nature aussi bafouée. Bifurquer s’impose !
Triste spectacle offert par M. Blazy, maire de Gonesse, le 29 novembre dernier, qui avait organisé une réunion soi-disant « publique » sur les projets localisés sur le Triangle de Gonesse, sous le titre : « 4 ans après Europacity, où en sommes-nous ? ». Malgré ce libellé qui se voulait accrocheur, cette soirée a tourné au fiasco.
Qu'il s'agisse de la Métropole du Grand Paris (MGP), du pôle et du bassin de Roissy, ou des sites Triangle de Gonesse, plateau de Saclay, tous ces territoires souffrent du même mal : être la proie d'intérêts capitalistiques qui aggravent les inégalités et tentent de priver les populations résidentes de leur capacité à «s'autofinaliser », décider elles-mêmes de leur propre destin. Réquisitoire.
En 1993, paraît un article au titre éloquent :"Les effets structurants du transport : mythe politique, mystification scientifique", de J.M. Offner. Il s'interroge sur la pérennité d'un tel mythe, malgré d'abondantes preuves pour le démentir. 30 ans après, le CD 95, en prétendant améliorer les transports pour "sauver" l'Est-95 de la pénurie d'emplois et du chômage, accrédite encore cette fable.