Le blog de La nouvelle voix

Thierry Frémaux a qualifié d’« ultras » et de « très radicaux » les Ukrainiens qui demandaient le retrait de la compétition du film La femme de Tchaïkovsky du « dissident » Kirill Serebrennikov. 2 jours plus tard, Serebrennikov a appelé à soutenir les soldats russes en disant qu’ils sont « des victimes », de la même façon que les Ukrainiens sont victimes de la guerre.

La Russie vient de larguer 12 missiles sur ma ville natale de Krementchouk, dans la région de Poltava en Ukraine. Chez moi, à Paris, je me prépare à aller à mon 10e Festival de Cannes. Je me pose beaucoup de questions en ce mois de mai. Je me dis que le plus grand festival du monde tape fort mais complètement à côté.

Jusqu’à récemment le mécanisme de transposition des toponymes ukrainiens en anglais et en français consistait à les coller systématiquement à la prononciation ou à l’écriture en russe. Considérant ces usages comme un résidu malsain d’une époque marquée par la domination impériale russe sur leur pays, les Ukrainiens demandent d’adapter l’écriture de toponymes à leur prononciation en ukrainien.

Il y a une semaine, j’ai découvert que l’association Reporters sans Frontières avait accueilli Zhanna Agalakova. J’ai envie de poser quelques questions à cette journaliste russe que je voyais à la télévision quand j’avais 10 ans. Ce que je reproche aux médias français : leur cœur bat pour les enfants de Marioupol mais leur cerveau rêve encore avec Dostoïevski que « la beauté sauvera le monde ».

La réaction de la Semaine de la critique, de la Quinzaine des Réalisateurs et de l'ACID est triste et frustrante. Critique de cinéma ukrainien, je n'aime pas l'idée de boycotter les films russes. Je crois vraiment en la liberté d'expression artistique. Je ne pense pas que votre communiqué de presse exprime une solidarité avec l'Ukraine, Il exprime une solidarité avec votre propre zone de confort.