Dans ce calendrier de l’avent 2022, il y aura des écrivains déguisés en adjectifs. Ils se sont fait des noms tout seuls. On en a fait des adjectifs. Un inventaire à la Prévert avec ses ratons laveurs. Tout ça pour patienter avant de se voir offrir des livres à Noël.

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Quand on apprit que du temps de Stendhal (1783-1842), son nom se prononçait comme Scandale, on se mit à bien prononcer son nom.
Ou pas. Parce que c’était trop tard. L’habitude avait été prise.
Et puis il y a ceux que la question concerne moins, le Beyliste (du vrai nom de Stendhal, Henri Beyle).
L’adjectif stendhalien évoque un héros avec sa jeunesse, sa beauté, ses défis, sa maladresse. Un héros stendhalien, c’est un héros amoureux. Voire un héros qui cristallise. On l'appelle par son prénom : Julien, Fabrice ou Lucien.
L’amour sans cesse recommencé, au milieu d’une vie d’aventures (et même des aventures d’écrivain avec ses centaines de pseudonymes). Une aventure et un destin.
Et puis chez le héros stendhalien, il y a cette méfiance vis à vis de la société. Cette impression d’être là au mauvais endroit (comme Stendhal qui n’aimait pas Grenoble, sa ville de naissance), au mauvais moment. N’oublions pas que Stendhal s’adressait à la postérité, aux happy few. « Je mets un billet à la loterie dont le gros lot se réduit à ceci : être lu en 1935. »
Un pari stendhalien.
Réussi.
Une littérature stendhalienne qui ne se voyait sans doute pas mainstream au point de figurer, en compagnie de Gide et de Gaule, sur le bureau d’un président, qui déclara « Stendhal a changé ma vie ». De quoi rendre jaloux un dieu de l’Olympe et s’attirer des foudres jupitériennes ?
Stendhalien, mainstream jusqu'à qualifier les sièges d'une voiture en cuir… rouge et noir.
Heureusement, l'adjectif stendhalien, quand on revient aux sources, aux livres, garde sa singularité, son tiré à Parme.