Portant robes chamarrées, trois divas, une blonde élancée, une brune matoise et une rousse pétulante, nous embarquent dans un cabaret allumé. Sous des airs rétro, nos drôles de dames se dévoilent, se racontent. Féministes jusqu’au bout de leurs ongles peints, elles abordent avec malice toutes sortes de sujets de société des plus anodins au plus trashs. Une fantaisie gourmande à savourer sans délai
Véritable parcours initiatique d’un adolescent qui apprivoise son corps et accepte ses origines, Chotto Desh est la version épurée du fascinant ballet autobiographique d’Akram Khan. Loin de perdre en substance, cette déclinaison destinée aux enfants séduit par son apparente simplicité et par la remarquable performance de ce corps qui se meut, seul sur scène. Un voyage immobile intense, poignant !
Sous le regard amusé de l’éternelle suivante baptisée Lisette, les amours se font et défont. S’intéressant plus particulièrement à la relation mère – fille, ce Marivaux qui n’a rien d’étincelant vaut pour la mise en scène enlevée et rythmée de Xavier Lemaire et le jeu pétillant des comédiens. La farce est joyeuse et se savoure avec un malin plaisir. Rires garantis !
Froide, est la nuit qui annonce la mort. Elle embrume les âmes, les rend fragiles, prêtes à lâcher leur fiel. De cette matière sombre, mortifère, Bernard-Marie Koltès tire un monologue âpre d’une rare intensité qui nous saisit et nous entraîne dans les tourments de la solitude urbaine. Porté par le fascinant Eugène Marcuse, cette litanie acide s’éclaire d’un éclat nouveau poétique et rageur.
Si Peter Falk n’est plus, il a trouvé en Martin Lamotte, son digne successeur. Loin des plateaux de télévision, le comédien se glisse avec aisance dans l’imper défraîchi de l’inénarrable inspecteur. Nous plongeant au cœur de la première enquête de Columbo, Didier Caron recrée avec ingéniosité tout ce qui fut l’essence de cette série policière. Une jolie réussite, pleine de nostalgie !
Tout est fini. La rupture se profile en point de mire. Le couple est exsangue, mais une ultime confrontation est nécessaire. Chacun dans un long monologue va livrer ses réflexions sur l’autre, sur leur amour moribond, sur leur histoire finissante. Porté par deux comédiens exceptionnels, le texte puissant, cru et incandescent de Pascal Rambert touche l’âme et incendie nos consciences. Fascinant !
Quels mystères cachent notre mémoire ? Comment fonctionne-t-elle ? Une nouvelle fois, ce passionné de neurologie, qu’est Peter Brook, se penche sur les anfractuosités de notre cerveau. Il en scrute toutes les étrangetés. Moins inspiré que ses précédents spectacles sur le même sujet, cette « vallée de l’étonnement » séduit par le jeu des comédiens, mais se perd dans des circonvolutions superflues.
Un cri, né dans le cœur froid et moribond d’une femme, d’une mère, déchire le silence et se brise contre des murs invisibles. Abandonnée de tous, elle hurle au monde sa haine avant que le verni craque et laisse entrevoir l’être blessé derrière l’affreuse mégère. Là où le texte de Beauvoir nous saisit d’effroi, la mise en scène froide d’Hélène Filières nous laisse à distance. Dommage !
Loin d’une énième version du Mariage de Figaro, Thomas Condemine et Élie Triffault nous entraînent dans les coulisses de la création artistique au cœur des répétitions. S’amusant des travers tant du théâtre subventionné que du théâtre privé, ils brossent un portrait drolatique du monde de spectacle grâce à une mise en abyme vertigineuse. Un pur moment de plaisir à déguster sans modération !
Les mots butent, se brisent cassant la belle rythmique d’un texte fastidieux, un brin trop lyrique. Les corps accidentés se meuvent singulièrement donnant à l’ensemble un esthétisme, hors norme et bouleversant. Loin d’un théâtre normé, Madeleine Louarn et les comédiens de Catalyse nous entraînent dans un monde fantasmé et décalé où évolue le double abîmé de ce roi de Bavière esthète et fou.