Tout est calme dans ce salon cossu. Pourtant, derrière le masque des apparences, secrets, ambitions et faux semblants font dangereusement jour et pourraient entraîner le couple, tendrement uni de ce charmant cottage, à commettre l’irréparable. Menant de main de maître les rebondissements à répétitions, Éric Métayer signe un divertissement corrosif et drôle, un thriller plein d’espiègleries.
Certaines amitiés sont pour la vie. Elles traversent les frontières, le temps et les désaccords. Elles transcendent les sentiments et les liens entre les êtres. Mais comment naissent-elles ? C’est tout le sujet de cette très jolie et très amusante comédie (musicale) mise en scène avec beaucoup de finesse et de retenue par Virginie Lemoine. Actuellement, reprise au studio des Champs-elysées.
Les mots frappent, cinglants, acerbes. Ils sont le reflet de la haine d’une enfant pour sa mère, de son aversion pour ses parvenus de parents. Fascinée par l’écriture ciselée et âpre de la romancière, Virginie Lemoine en souligne toute la noirceur drolatique, toute l’hilarante cruauté, mais flirte dangereusement avec le boulevard. Un pari hasardeux que le talent des comédiens sauve sur le fil.
A l'approche de sa première parisienne, retour sur le seul-en-scène bouleversant de Julien Derouault mis en scène par Marie-Claude Pietragalla. Son animalité, son énergie, sa virtuosité, donnent à ce spectacle entre danse et théâtre une intensité singulière qui touche l'âme. Un spectacle hors-norme, vibrant, à ne pas rater.
Pour sa première mise en scène, Mélanie Laurent a vu trop grand. Rêvant d’une société plus humaine, elle ne pouvait passer à côté du roman de James Frey qui voit le retour d’un messie athée tendance hippie dans un New York en perdition. Malgré la belle scénographie de Marc Lainé, l’engagement passionné un brin naïf, de la comédienne, le conte trash du trublion littéraire américain reste trop sage.
Adapter le conte noir que Jean Cocteau à graver en noir et blanc sur pellicule était un pari très risqué. Comment ne pas oublier le couple mythique, Edwige Feuillère et Jean Marais, la féerie du château de cette reine vierge et endeuillée ? Faute d’un vrai parti-pris tranché entre réalité et onirisme, le jeune Issame Chayle achoppe à rendre sa puissance lyrique à cette tragique romance. Dommage !
Chaque art a ses couples mythiques. En Poésie, Rimbaud est indissociable de Verlaine. L’un est éternellement jeune, l’autre tourmenté. De leur rencontre naît un amour violent et brûlant qui les dévorera tous deux. Si Didier Long reste parfois à distance du sujet se perdant dans un texte un brin trop dense, la présence animale de Julien Alluguette illumine magnifiquement cette sombre éclipse.
En s’intéressant aux petits tracas de la vie domestique, Georges Feydeau brosse un portrait sous acide de la petite bourgeoisie. En compilant les saynètes phares des dernières pièces du dramaturge sous la forme d’une revue pétillante, Georges Lavaudant achoppe à faire rire. En cassant la belle mécanique du maître du Boulevard, il signe un spectacle bancal. Dommage !
Sombre est le monde qui abandonne ses laissés-pour-compte sur le quai d’une gare désaffectée. Triste est l’existence qui se réfugie dans l’unique espérance d’un rêve toujours renouvelé jamais exaucé. Pourtant, c’est dans cet espoir vain q’une lueur d’humanité fait croire en un avenir meilleur. En se penchant sur le destin de ces déshérités, Hristo Boytchev signe une fable moderne et déroutante.
Des existences fauchées, des vies sacrifiées, des récits oubliés dans l’indifférence d’hommes et de femmes ordinaires qui un jour se sont levés, relevés, contre l’oppression, l’injustice et la barbarie. Ce sont ces gens de l’ombre, ces justes, morts pour avoir refusé la fatalité, l’ignominie, que l’impressionnant François Bourcier met en lumière dans un seul-en-scène fascinant, bouleversant.