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Sous les ors décatis des Bouffes du Nord, la diaphane Judith Chemla donne corps à la belle et moribonde courtisane, lui insufflant un air de modernité enchanteur et mélancolique. Soutenue par l’adaptation virtuose et éthérée de Benjamin Lazar, elle nous entraîne au cœur de la passion qui anime l’héroïne d’Alexandre Dumas fils et nous laisse exsangues, émus aux larmes par ce spectacle vibrant.
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C’est une expérience que de plonger dans le monde de Julien Gosselin. Enfant prodige du théâtre contemporain, il livre une adaptation hallucinante du roman-fleuve de Roberto Bolaño. Donner vie aux 1 500 pages de cette œuvre posthume semblait relever de l’impossible, pourtant le metteur en scène fait coup double non seulement il réussit cet « exploit monstre » mais captive sans faiblir l'auditoire.
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Toutes les fées se sont penchées sur le musical qui donne à Gaveau des airs de Broadway : Casting de rêve, voix enchanteresses, décor soigné, scénographie et mise en scène ingénieuses gérant intelligemment la scène étroite de la mythique salle parisienne. Pourtant il manque un petit quelque chose, une envolée musicale envoûtante, pour hisser Oliver Twist au firmament des comédies musicales.
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Invité à la table de l’Oncle Vania, on assiste impuissant à la déliquescence de cette famille recomposée. Témoin singulier des déchirements sentimentaux qui animent les habitants de cette datcha, on vit au plus près ce drame familial. Avec un sens aigu de l’immédiateté, de la spontanéité, la jeune Julie Deliquet s’empare de « l’œuvre monstre » de Tchekhov, en en livre une version épurée, intense.
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Gestes amples, mouvements fluides, les danseurs semblent être en apesanteur, libres de toutes contraintes. Ils virevoltent, se cherchent, se rencontrent, se repoussent, entraînant le spectateur dans une quête métaphysique sur sa place dans le monde, sur son lien avec la nature. S’inspirant des petits riens du quotidien, Carolyn Carlson signe un ballet à la ligne épurée et d’une vibrante intensité.
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Portant robes à paillettes, plumes, strass et perruques, les hommes-femmes, qui ont fait les beaux jours de cabarets clandestins et « marginaux » de l’entre-deux guerres, se dévoilent corps et âmes sur la scène du studio de la Comédie Française. Avec beaucoup de tendresse et de douce mélancolie, Serge Bagdassarian se penche sur ces destins tragiques et raconte leurs espoirs et leurs fêlures.
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Le climat est électrique. L’ambiance survoltée. Sur scène, comme dans la salle, les invectives fusent et prennent à partie le public, témoin consentant d’une révolution en marche que rien n’arrête. Est-on en 1789 ? Assiste-t-on à la fin de la monarchie ? Ou la tragédie qui se joue devant nos yeux n’est-elle pas une mise en perspective des dérives actuelles de la démocratie française ?
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Il y a des histoires qui ravivent de vieux souvenirs, des impressions qui nous touchent, nous bouleversent. C’est l’étonnant sentiment qui nous assaille à l’écoute de ce texte de Clément Hervieu-Léger. Portée par la belle mise en scène de Daniel San Pedro et l’interprétation de Guillaume Ravoire, cette jolie fable rurale prend des airs de voyage onirique... Un bel hommage à nos à nos campagnes.
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Les mots virevoltent et remplissent la scène du Lucernaire de leur humanité, de leur piquant et de leur férocité. Ils nous emmènent au-delà des murs dans un voyage immobile sur les routes de France. En adaptant le carnet de voyage de Hugo consacré à l’été 1843, Sylvie Blotnikas signe une pièce délicate, intelligente et terriblement drôle qui nous transporte dans le temps et l’espace.
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Bâtisses rappelant la colonisation espagnole, murs aux couleurs chatoyantes, vieilles voitures américaines chromées, sont les symboles d’un Cuba hors du temps, qui fascinent les voyageurs du monde entier. Longtemps sous embargo américain, depuis deux ans, cet état insulaire s’ouvre un peu plus au tourisme et à la mondialisation. Comment appréhender ce pays, comment comprendre ses habitants ?