Guerre, scandale, révolte : partout, les secousses s’additionnent et posent une question universelle, que disent-elles de notre époque, et que disent-elles de nous ?
Anchorage, Alaska. Demain, Donald Trump serrera la main de Vladimir Poutine sous l’œil des caméras. Officiellement, il sera question de paix en Ukraine. Officieusement, d’un autre trophée : le prix Nobel de la Paix. Chaque sourire, chaque accolade, chaque drapeau sera une carte postale envoyée à Oslo. La paix, version Trump ? Un slogan plaqué or.
Début août 2025, l’Aude s’est embrasée : 17 000 hectares dévastés, une femme morte, vingt-quatre blessés, des dizaines de maisons détruites. Face à ces “méga-feux” amplifiés par la chaleur et le vent, nos défenses vacillent. Le bilan est sévère, l’avertissement clair : combien de drames avant d’agir ?
Externaliser frontières, prisons, guerres : les grandes puissances délèguent la gestion des crises à des régimes autoritaires, entreprises privées, milices. Cette stratégie éloigne la démocratie du débat et de la responsabilité, brade ses principes, et coûte cher aux citoyens et aux plus vulnérables. Un basculement historique vers un pouvoir distant, qui fuit ses propres conséquences.
Dans un monde saturé d’alertes, d’urgences et de tragédies diffusées en continu, une autre forme de crise s’installe, plus insidieuse : celle de l’engourdissement. Sommes-nous en train de perdre, à force d’être exposés, la capacité même de ressentir ? Quand ressentir devient un acte de résistance.