Lors des législatives 2024, des recteurs et directeurs académiques avaient envoyé des courriers dans les établissements scolaires pour inviter les personnels à un « devoir de réserve ». La perspective des municipales en mars 2026 risque de réactiver cet excès de zèle qui n’est rien d’autre qu’un épouvantail. Quelques rappels sur les limites et contours du pseudo « devoir de réserve » s’imposent.
Le drame du collège Françoise Dolto à Nogent dans la Haute Marne réactive les réponses sécuritaires et immédiates. Mais face à une situation complexe, cela ne suffit pas. Un portique ne peut pas détecter les troubles de l'adolescence et les problèmes de santé mentale.
Je n’ai pas regardé jusqu’au bout mais seulement les deux premières heures de cette audition de François Bayrou le 14 mai devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires.
Mon sentiment peut se résumer en une phrase : face aux enjeux, François Bayrou ne s’est pas mis à la hauteur.
(mais je vais quand même un peu développer…)
Comment à la fois faire diversion et dévoyer la belle idée de « convention citoyenne » ?
C’est le coup double (voire triple si on y ajoute un hors sujet) de Macron avec son annonce de vendredi 2 mai sur une convention citoyenne sur les « temps de l’enfance ».
L’« affaire Bétharram » continue à susciter de nombreuses réactions. Ce peut être le déclencheur d’un véritable « metoo scolaire » et d’une vraie réflexion sur l’éducation. Le livre qui sort, « les silences de Bétharram » par sa médiatisation peut y contribuer.
Mais pour y parvenir, il me semble qu’il faut bien distinguer les logiques et se garder de deux tentations d’instrumentalisation.
40 milliards… c’est le montant des économies à trouver dans la loi de finances 2026, selon François Bayrou. Peut-on croire que l’Éducation Nationale, avec ses plus de 60 milliards de budget, échappe à ce coup de rabot ? Il y a déjà de nombreuses pistes que les précédents gouvernements ont commencé à explorer. Et cette contrainte budgétaire va peser aussi sur les quelques réformes enclenchées.
Un groupe de travail du Conseil scientifique de l'éducation publie une « Proposition de référentiel de compétences des enseignants français ». Parmi les attendus figure « Maîtriser les techniques d’enseignement efficaces». Plus loin, on y parle aussi d’enseignement « explicite ». Derrière ces mots anodins, on peut aussi lire une tentative de standardisation et de contrôle du travail enseignant.
François Bayrou se voit en victime d’une « mécanique du scandale » dans l’affaire Bétharram. Mais les mots ont un sens. S’il y a des victimes, ce sont les anciens élèves qui ont subi ces agressions. Le « scandale » c’est que ce système pervers et ces silences complices aient pu durer si longtemps.
Depuis 2017, la même consigne donnée sur les réseaux sociaux : « donnez 3 mots pour caractériser l’ Éducation au cours de l’année ». Le nuage de mots qui en ressort comporte des constantes (mais aussi des nouveautés) qui reflètent bien l’état d’esprit des enseignants. Un mot en tête : « mépris »
Lors de sa toute première interview (RTL le 4 octobre 2024) la nouvelle ministre de l’Éducation Nationale a répondu à la question concernant ses priorités : « Élever le niveau, élever le niveau, élever le niveau ». Dans une tentative d’imitation de son collègue Retailleau, elle nous livre cette facilité rhétorique qui révèle la vacuité de sa politique éducative et de celle de son premier ministre.