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Le blog de Robert Chaudenson

À propos du blog
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Pour les 90 ans de Valéry Giscard d'Estaing, comment ne pas songer à lui offrir non pas des roses blanches (trop banal !), mais un bouquet de « petites blagues » dont la vogue est désormais1…
instaurée, jusque dans les « diners d’Etat » par notre Président « normal ».
René Dosière, qui n'en rate pas une, en a profité, comme toujours, pour faire des comptes, non sans mal à l'en croire, et rappeler que Valéry Giscard d'Estaing est l'ancien président qui coûte le plus cher au budget de l'État français, avec 2,5 millions d'euros par an, devant Nicolas Sarkozy (2,2 millions). Si l’on additionne tous les frais et toutes les dépenses (ce que ne fait pas R. Dosière), en trente-cinq ans, VGE a dû nous coûter, à la louche (mais une très grande louche), au moins un bon milliard d’euros !
Quelques chiffres ! « Plus de six millions d'euros par an, c'est le coût global à la charge de l'État des anciens présidents », écrit sur son blog René Dosière, spécialiste de longue date du budget de l'Elysée comme des dépenses inconsidérées. Ce budget ne comprend pas le traitement mensuel des anciens présidents (une misère …environ 6000 euros par an), ni la rémunération mensuelle de membre du Conseil constitutionnel (12.000 euros) ; Valéry Giscard d'Estaing l'avait d'abord refusée avec humeur en 1981, mais il est le seul à la percevoir actuellement car, à la réflexion, comme on dit, il n’y a pas de petit profit et « à cheval donné, on ne regarde pas la bouche » !
L’amusant de la chose n’est toutefois pas dans les chiffres, mais dans le fait que le sort heureux qui est réservé à nos anciens présidents ne repose à peu près sur rien … sinon sur une lettre opportune de Laurent Fabius, alors Premier Ministre, adressée personnellement à Giscard en 1985. Cette lettre décisive, de toute évidence, a été écrite en prévision du sort que Lolo, le plus jeune Premier Ministre de France, jugeait devoir inévitablement être le sien quelques décennies plus tard. Cet homme pensait décidément à tout, pour le présent (avec les prudentes exemptions fiscales pour le petit commerce de son cher papa antiquaire), comme pour l'avenir lointain à ses propres privilèges à venir de comme futur ancien Président de la République.
Comme chantait Bourvil : « Mais c’est pas tout ! Mais c’est pas tout… ! ». Les anciens présidents bénéficient d'un appartement de fonction meublé au service duquel sont affectées deux personnes. Ils ont droit aussi à deux policiers pour leur protection rapprochée, une voiture de fonction avec deux chauffeurs et … sept collaborateurs permanents.
Selon une réponse de Matignon du 13 janvier à une question écrite de René Dosière (le vilain curieux !), les dépenses de fonctionnement (principalement les baux des appartements) représentaient en 2014 une dépense de 343.307 euros pour Valéry Giscard d'Estaing. Les dépenses de personnel sont supportées par les ministères qui mettent à disposition ces collaborateurs. Ainsi le 6 janvier, le ministre de la Défense précisait à René Dosière « que deux sous-officiers de l'armée de terre et trois sous-officiers de la marine sont mis à la disposition de Valéry Giscard d'Estaing pour un coût global annuel, respectivement, 109.130 euros et 177.566 euros ». De son côté, le ministère des Finances écrit qu'il « met à la disposition de Valéry Giscard d'Estaing trois agents pour un coût global en 2013 de 511.605 euros ». À 170.000 euros annuels par « agent » des finances, il vaut mieux assurément bosser à Bercy que dans la « biffe » ou la "royale"!
René Dosière attend encore une réponse du ministère de l'Intérieur sur le coût de la sécurisation des domiciles des anciens chefs de l'État. Il risque fort d’attendre encore longtemps ! Toutefois, dans l'attente de cette réponse, René Dosière fait notamment une évaluation sur la base d'un rapport du Sénat qui indiquait que 15 gendarmes étaient mobilisés en 2010 à temps plein pour garder la résidence privée de Valéry Giscard d'Estaing à Authon (Loir-et-Cher) soit un coût annuel d’environ un million d’euros ! Foutre !
Mais, en cette joyeuse journée d’anniversaire, laissons ces détails sordides pour voir un peu les petites affaires de famille qui présentent quelques détails pittoresques.
Valéry René Marie Georges Giscard d’Estaing, né le 2 février 1926 à Coblence, est le fils d'Edmond Giscard (1894-1982), devenu d'Estaing en juin 1922.
Valéry Giscard d'Estaing descend en effet des Comtes Jean-Pierre de Montalivet et Camille de Montalivet par leur petite-fille et fille Marthe, épouse de Georges Picot. Il est également un descendant d'Adélaïde Starot de Saint-Germain, « qui passe pour une fille bâtarde du roi Louis XV et de Catherine Éléonore Bénard, maîtresse royale ». Pas mal non ? En dépit des ragots de Charlus sur la noblesse française quand il affirme : « Que vous alliez faire pipi chez la comtesse Caca, ou caca chez la baronne Pipi, c’est la même chose ! ».
Par un décret du Conseil d'Etat en date du 17 juin 1922, Edmond Giscard, qui n’avait pas lu Proust, a obtenu sa « savonnette à vilain » avec l'autorisation d'ajouter à son nom celui « d'Estaing », éteint avec sa trisaïeule Lucie-Madeleine d'Estaing de Réquistat du Buisson, comtesse de La Tour Fondue, elle-même mère d'Elise de La Tour Fondue, épouse de Martial Giscard. Auparavant, Valéry Giscard, le grand-père du président, avait, quant à lui, demandé à relever le nom, en voie d'extinction, de sa grand-mère La Tour Fondue. Hélas, le dernier représentant mâle de cette famille auvergnate, Anatole de Cousin de La Tour Fondue était revenu du Canada où il vivait juste pour s'y opposer, ce "maudit Français" . (Cf. Philippe du Puy de Clinchamps, La Noblesse, PUF, 1959).
Une fois qu'on s’est faufilé, non sans mal, dans le Gotha, on n’en sort pas facilement ; ainsi Valéry Giscard d'Estaing épousera-t-il Anne-Aymone Sauvage de Brantes le 23 décembre 1952 dans la chapelle du château d'Authon.
VGE, durant sa présidence, ne se signalera pas à la presse people par quelques aventures en scooter dignes d'un livreur de pizzas ; néanmoins, avant se consacrer à des aventures princières mais, de toute évidence purement romanesques et livresques, il aura eu un fâcheux accident nocturne de la circulation dans la Ferrari de Vadim qu’il avait empruntée à ce dernier, a-t-on dit, pour brouiller les pistes en allant voir une actrice à la mode, aventure que cette dernière a toujours niée. Mais comme vous le savez, on ne prête qu’aux riches !
Plus grave vu son incohérence et surtout ses conséquences fut la politique de Valéry Giscard d'Estaing en matière d'immigration. Un secrétariat d'État aux Travailleurs immigrés, confié à André Postel-Vinay, avait été pourtant créé dès juillet 1974. Le gouvernement suspend alors l'immigration des travailleurs et des familles désireuses de rejoindre un de leurs membres en France, sauf pour les ressortissants de la Communauté européenne.
Le droit au regroupement familial des immigrés reprend toutefois à partir du 1er juillet 1975 et un décret, signé le 29 avril 1976 par Jacques Chirac, détermine les conditions dans lesquelles « un travailleur étranger séjournant régulièrement en France peut être rejoint par les membres de sa famille ». C’est le fameux regroupement familial qui relancera notre démographie !
Nouveau revirement un an plus tard. Par un décret du 10 novembre 1977, le gouvernement suspend pour trois ans l'application du décret de 1976, et, dans un contexte de hausse du chômage, réserve le droit au regroupement familial aux seuls membres de la famille qui ne demanderaient pas l'accès au marché du travail !
Une telle mesure est naturellement impossible à mettre en œuvre ; le Conseil d'État, par son arrêt du 8 décembre 1978, annule le décret et érige le « droit de mener une vie familiale normale en principe général du droit « . Cette institutionnalisation du regroupement familial aura des suites funestes à long terme et ouvre la voie à une immigration de peuplement, dont nous subissons aujourd’hui les conséquences dans tous les domaines !
Giscard a-t-il compris son erreur ? L'historien et politologue Patrick Weil, spécialiste des questions d'immigration et de citoyenneté, a révélé dans son dernier ouvrage (Avec Nicolas Truong Le Sens de la République, Grasset), la stratégie de VGE. P. Weil revient longuement, après des recherches dans les archives du Quai d’Orsay, sur les dessous de sa politique migratoire et révèle notamment que, de 1978 à 1980, Giscard a tout fait pour essayer d’organiser en vain le retour, de gré ou de force, de plusieurs dizaines de milliers d’Algériens dans leur pays. Il avait même eu l'intention, selon P. Weil, de « dénoncer les accords d'Évian, qui permettaient la libre circulation entre la France et l'Algérie » et de « changer la loi pour permettre l'arrêt des titres de séjour, ou la non reconduite des titres de séjour de ceux qui étaient là depuis dix, quinze ou vingt ans ».
Quelques épines parmi les roses du bouquet d’anniversaire !
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