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Symbolisé par le projet de métro automatique actuellement soumis à débat public, le Grand Paris se veut également un outil d’urbanisme. Créant un nouveau dispositif, le contrat de développement territorial, la loi du 3 juin 2010 va potentiellement donner une nouvelle impulsion aux politiques d’aménagement des communes concernées. Mais laissera-t-elle aux maires la latitude d’associer les citoyens au devenir de leur ville ? Les dispositions de la loi, notamment en matière de délais,rendent complexe l’adoption par les collectivités d’une attitude participative. Plusieurs scénarios plus ou moins réalistes peuvent être imaginés.
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A l'heure où de nombreux Français manifestent au sujet des retraites, la ville de Stuttgart connaît une contestation d'une ampleur inhabituelle au sujet du projet ferroviaire et urbain « Stuttgart 21 ». L'occasion de revenir sur la contestation liée aux projets d'aménagements, marquée par un accroissement de la capacité des citoyens à s'organiser collectivement et à faire valoir une réelle expertise, et qui a abouti en France à la reconnaissance légale d'un« droit au débat public » de la société civile. En matière d'aménagement, la décision peut de moins en moins se passer d'une réelle concertation préalable. Et dans le domaine social ?
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A l'écart de son rôle dans la "grande histoire", l'attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo est une piqûre de rappel bienvenue pour les tenants de la participation publique. Au niveau local notamment, nous sommes confrontés, quand nous ne nous y complaisons pas nous-mêmes, à des termes devenus si vides de sens à force d'être rebattus. "Démocratie participative", "démocratie de proximité", "démocratie locale", à force d'être glorifiés dans les bulletins municipaux, les programmes politiques ou associatifs, finissent par éloigner de nous l'idée qu'avant tout le mot démocratie se suffit à lui-même et ne garde jamais tant de sens que lorsqu'il est employé seul. Liu Xiaobo, comme l'ont fait Aung San Suu Kyi, Nelson Mandela ou tant d'autres, intervient à point nommé pour nous ramener, certes à plus d'humilité, mais aussi à plus d'ambition.
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Jusqu'ici, la plupart des travaux scientifiques destinés à évaluer les impacts de la participation des citoyens ont consisté en des études de cas isolés, desquelles il reste difficile de tirer des enseignements globaux. Face à ce constat, le Development Research Centre on Citizenship, Participation and Accountability, soutenu par le gouvernement britannique, a engagé étude comparative, portant sur 100 cas répartis dans 20 pays. Les conclusions de ces chercheurs sont claires : la participation des citoyens apporte bien des bienfaits en termes de démocratisation et de développement, y compris dans les Etats les plus fragiles. Au-delà de cette réalité, l'essentiel réside cependant dans les conditions permettant d'aboutir à ces bénéfices et de parer des effets pervers tout aussi indéniables.
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Le processus de concertation publique lié au Grand Paris semble adopter un déroulement similaire à celui d’une arrivée du Tour de France. Après que la majeure partie de la course aconsisté en des combats tactiques imperméables aux non initiés, le peloton s’anime soudain à l’approche des derniers kilomètres. Deux débats publics étant désormais décidés à la fois sur Arc-Express et le Grand Paris, les citoyens jusqu’ici peu impliqués dans ces projets n’auront pas une, mais deux occasions de débattre. De quoi s’interroger sur la cohérence d’un débat public lié par ses procédures jusqu’à en perdre de vue l’esprit de la participation publique.
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Qu'il s'agisse de démocratie participative, de démocratie délibérative, de concertation, de développement communautaire ou de nombreuses autres appellations encore, l'idée de participation des citoyens à la vie publique s'est développée sous des formes extrêmement diverses dans différents endroits de la planète. Ces multiples sources de la participation publique se perçoivent d'ailleurs en France, par exemple dans les dispositfs inspirés par "l'esprit de Porto-Alegre" (voir cet article) ou encore dans des débats publics reprenant à leur naissance des expérirences d'origine québécoise (voir ici les liens entre la CNDP française et le BAPE canadien). La multiplicité des objectifs de la participation et des contextes socio-politiques dans lesquels elles'inscrit n'en rend pas moins enrichissant l'éhcnage des praticiens de la participation au-delà des frontières nationales. Tel est l'esprit de l'International association for public participation (IAP2), née en Amérique du Nord dans les années 1990 et depuis l'année dernière en cours de développement dans notre pays sous le nom d'AIP-2 France.
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Dans le dernier numéro de l'International journal of public participation, deux universitaires allemands reviennent sur l'apport des citoyens à la conception des politiques publiques, par des méthodes collaboratives inspirées du secteur privé. De même que l'apport du client permet d'améliorer le produit vendu, la participation du citoyen est un gage de qualité du service public. Malgré l'enthousiasme des auteurs vis-à-vis de cette nouvelle manière de faire de la politique, cette "démocratie collaborative" partage trop de similitudes avec la "société harmonieuse" chinoise pour que l'on ne s'en inquiète.
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Qu'est-ce qu'une "bonne" démocratie participative ? Face à cette question complexe et hautement subjective, l'Association internationale pour la participation publique affiche sept valeurs fondamentales, que devrait adopter tout processus participatif . Alors que l'administration Obama affiche sa volonté d'implication du citoyen, il était tentant d'analyser son action au regard de ces valeurs. Stephen Koniecza a choisi d'adopter cette approche au sujet de l'une des manifestations les plus emblématiques de ce début de mandat : les débats en ligne de l'Open government dialogue. Le bilan en est mitigé, à l'image de nombre d'événements participatifs se développant dans le monde occidental.
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Dans les précédents articles, l' « International journal of public participation » a fait état des innovations participatives de Barack Obama en tant que candidat puis comme président. Une étude sociologique de Stephanie Boys constate une conjonction entre les stratégies employées et l'émergence d'une nouvelle génération de citoyens porteuse d'un fort désir d'engagement collectif. Nés après 1982 , ces « millenials » se sont trouvés au cœur de la victoire d'Obama et restent une cible privilégiée de la communication gouvernementale.
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Au-delà de la ferveur suscitée par sa campagne, qu'en est-il réellement de l'exemple apporté par le candidat puis par le président Obama en matière de démocratie participative ? Julie Ren et Hans-Peter Meister, deux consultants allemands, analysent les pratiques participatives américaines au miroir du contexte européen, constatant des sources d'inspiration mutuelles de part et d'autre de l'Atlantique. Pourtant, au-delà des différences géographiques, plusieurs facteurs de réussite ou d'échec des dispositifs participatifs semblent tout à fait universels.