La vie des gauches ne se réduit certes pas à celle des partis qui prétendent les incarner, mais l’indignation soulevée par un visuel honteux de LFI, au-delà des anathèmes automatiques et d’une défense piteuse, devrait nous interroger sur notre accoutumance à la violence politique, entre gens du même bord. Il est permis de se rudoyer, mais au moins faisons-le en frères de la côte.
Jean-Marie Le Pen est mort. Il faut reconnaître bien du mérite à M. Charon, pilote du « SOS Styx », qui recueillera à son bord pareil demandeur d’asile souterrain. C’est que, mort, l’affreux est nu et Montretout.
Alors que nous soufflons cette année les 70 bougies du pèlerinage islamo-chrétien aux Sept Dormants d’Éphèse, fondé en Bretagne par l’islamologue catholique Louis Massignon, l’improbabilité même de sa persistance nous donne une leçon d’hospitalité réciproque en plein revif des haines recuites au Proche-Orient et nous ramène sur des pistes délaissées par la diplomatie occidentale.
« Le Monde » vient de se faire épingler pour sa couverture d’un hors-série consacré à la mythologie scandinave. Le journal nous y sert un brouet de tous les clichés du Viking de fiction comme de carnaval. Le responsable de ce portrait anhistorique ? L’intelligence artificielle, qui signe là le triomphe de l’artifice sur l’intelligence.
Imaginez un monde apaisé, contrôlé, où nul ne rêverait sans qu’aussitôt son rêve lui soit restitué sur son écran télé, où le rêve naîtrait pour qu’un capteur l’enlève, où le rêve mourrait d’être concrétisé à la perfection par des robots d’usine. Ce monde, j’en reviens.
Le narcissisme pervers de l’omniprésident Macron, entretenu et servi désormais sans complexe par une cour mafieuse, l’expose en cette fin de règne commençante à une citrouillification dans la veine de l’« Apocoloquintose » imaginée par Sénèque (et traduite du latin par Rousseau en 1758) en lieu et place de l’apothéose de l’empereur Claude. Satiristes, à vos plumes ! On lutte aussi par là.
L’histoire des Jardins Joyeux, à Rouen, est celle d’un engrenage fatal de manquements et de complaisances qui dit l’impunité dont jouissent les opérateurs immobiliers dans notre pays, à tous les niveaux de décision et de contrôle par la puissance publique. Le feuilleton durait depuis plus de deux ans et trouve son dénouement dans un fiasco absolu dont personne ne veut endosser la responsabilité.
De jeunes activistes écologistes maculent de soupe ou de purée la vitre protectrice de classiques de la peinture moderne : iconoclasme, vandalisme ? Les procès en sacrilège ou en performance médiatique contre-productive, au-delà de la vieille question du statut de l’œuvre, masquent la seule question qui vaille : est-ce subversif ?
À quoi s’attaque le mouvement #MeToo par le truchement des réseaux sociaux ? À la « fama », à la réputation, à la légende dorée. Autrement dit à ce qui affecte le plus les femmes et les hommes publics : leur empreinte discursive dans l’Histoire. Ce nerf sensible peut faire crier à la diffamation, mais n’est-ce pas sain, en démocratie, de ne jamais s’en laisser conter ?