Ce qu’il y a de fascinant avec l’extrême droite française, s’agissant de son rejet d’un certain autre, est sa propension à ignorer le mythe fondateur de son système de représentation, son enracinement oriental et le statut de réfugié de l’ancêtre putatif des Francs, Francus, dont les belliqueux descendants furent bien heureux de trouver dans l’Empire romain de généreuses conditions d’installation.
Les forêts amazonienne, subsaharienne et boréale se consument dans des proportions inédites. Le brûlage à des fins agricoles est incriminé pour les deux premières. Notre pays, par la voix de son président, sonne le tocsin. Fort bien, mais que fait la France du trésor de ses propres forêts ? Un vulgaire minerai. Elle est serve en cela d’une logique perverse partout à l’œuvre.
Les dernières révélations de Mediapart sur le train de vie dispendieux de François de Rugy, ministre et « gen-pille-homme » (Rabelais), réactivent la célèbre et indémodable diatribe de Ruy Blas dans la scène 2 de l’acte III de la pièce homonyme de Victor Hugo. Elles reposent aussi la question d’une représentation politique qui s’envisage moins dans la délégation que dans la distinction.
Ce lundi 1er avril, à 7h22, en guise de poisson, France Culture a cru se distinguer des concurrents gorafisés en donnant la parole à un robot-journaliste se plaignant de ses conditions de travail et du manque de reconnaissance. À 7h30, une journaliste maison, bien incarnée, annonçait dans son journal le remaniement ministériel en louant les impétrants. Problème : le canular sonnait plus juste.
Ah comme il est facile d’amalgamer les gilets jaunes et les casseurs dits «professionnels», d’opposer le tout aux manifestants «pacifiques et dignes» en Algérie ou aux militants «dignes et pacifiques» de la cause climatique ! Sauf que l’arsenal répressif déployé contre les premiers vient d’être dégainé contre les derniers, et le «système», en Algérie, n’a pas cédé aux traits d’humour.
Alors que le gros de l’effectif normand des gilets jaunes s’est transporté à Paris, une centaine d’entre eux est restée à Rouen pour renforcer les milliers de marcheurs (les vrais) pour le climat. Quelques audacieux grimpeurs, bravant les risques, ont accroché une oriflamme jaune à la flèche de la cathédrale, renouant avec un geste historique.
Guillaume Du Bartas, Robert Garnier : ces noms ne vous disent sinon rien, du moins pas grand-chose. Ces deux météores de la poésie humaniste, l’un dans l’épopée chrétienne, l’autre dans la tragédie, ont fulguré sans trop se soucier de leur gloire, alors qu’ils ont laissé tous deux un vrai régal de langue baroque, du genre qui effarouche les académies.
L’intention était généreuse : 27 associations de Seine-Maritime ont demandé aux organisateurs de l’édition 2019 de l’Armada de la liberté, à Rouen, d’accueillir un ancien navire humanitaire célèbre, l’«Aquarius». La réponse fut mesquine : il n’y a plus de place à quai. En fait, si, mais il eût fallu démonter un des derniers délires pharaoniques du président de la Métropole.
La macronie acculée et ses mercenaires empruntent à Orwell et à Kafka pour terroriser les révoltés. S’il n’y a pas d’issue dans les fictions imaginées par ces deux auteurs, il en est une dans la réalité, fondatrice pour notre République, célébrée chaque année sans que l’oligarchie actuelle mesure bien ce qu’elle fut et ce qu’elle représenta : la prise de la Bastille, un certain 14 juillet 1789.