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Le narcissisme pervers de l’omniprésident Macron, entretenu et servi désormais sans complexe par une cour mafieuse, l’expose en cette fin de règne commençante à une citrouillification dans la veine de l’« Apocoloquintose » imaginée par Sénèque (et traduite du latin par Rousseau en 1758) en lieu et place de l’apothéose de l’empereur Claude. Satiristes, à vos plumes ! On lutte aussi par là.
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L’histoire des Jardins Joyeux, à Rouen, est celle d’un engrenage fatal de manquements et de complaisances qui dit l’impunité dont jouissent les opérateurs immobiliers dans notre pays, à tous les niveaux de décision et de contrôle par la puissance publique. Le feuilleton durait depuis plus de deux ans et trouve son dénouement dans un fiasco absolu dont personne ne veut endosser la responsabilité.
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De jeunes activistes écologistes maculent de soupe ou de purée la vitre protectrice de classiques de la peinture moderne : iconoclasme, vandalisme ? Les procès en sacrilège ou en performance médiatique contre-productive, au-delà de la vieille question du statut de l’œuvre, masquent la seule question qui vaille : est-ce subversif ?
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À quoi s’attaque le mouvement #MeToo par le truchement des réseaux sociaux ? À la « fama », à la réputation, à la légende dorée. Autrement dit à ce qui affecte le plus les femmes et les hommes publics : leur empreinte discursive dans l’Histoire. Ce nerf sensible peut faire crier à la diffamation, mais n’est-ce pas sain, en démocratie, de ne jamais s’en laisser conter ?
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En plein centre de Rouen, par 40°, un promoteur en roue libre, alors que son opération spéculative est rejetée par tout un quartier, un arc associatif historique et des élus municipaux, et qu’un projet alternatif de sauvegarde du site existe, a commencé à détruire le dernier poumon vert de la ville, dont le biotope unique abrite des espèces protégées ou peu communes. Avec la complicité de l’État.
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Vous l’entendez ? Répétitive, obsessionnelle, comme échappée d’un orgue de Barbarie pas encore lassé de lui-même ou de la gueule du serpent Kaa du « Livre de la jungle » : « Faites barrage, jouez le moins pire contre le pire. » Alternative du lâche, ultime ruse d’une république oligarchique ? C’est insulter la gauche militante que de l’y enfermer.
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Au-delà du négationnisme historique sur lequel Poutine fonde sa guerre contre l’Ukraine, il y a sans doute une aversion plus profonde pour la démocratie comme expression d’une citoyenneté critique, solidaire et inventive, fût-elle imparfaite. Sait-il seulement que bien avant la fondation de la Rus’, l’Ukraine connut une expérience démocratique originale, liée à l’extrême fertilité de son sol ?
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La décision de la nouvelle municipalité de Rouen de profiter de l’enlèvement pour restauration d’une statue de Napoléon pour mettre en débat son remplacement par une statue de Gisèle Halimi ne doit pas dévoyer, par ignorance ou par calcul, la topographie patrimoniale, support de l’enseignement critique de l’histoire, ni réduire le combat féministe à des questions de voirie.
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Il ne manquait plus à l’hommage transpartisan à Bernard Tapie, chevalier d’industrie qui aura par ses tours rechargé plusieurs fois les batteries de l’affairisme, que la louange présidentielle : « Le visage de la victoire s’en est allé. » Le fondateur d’En Marche! se souvient-il seulement que marcheur signifie « escroc » en argot ?
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Les États-Unis sont ce qu’ils sont, Joe Biden est ce qu’il est, mais quel symbole puissant et ravageur pour nos bateleurs de foirail hexagonaux, faux lettrés autocentrés et vrais analphabètes du cœur, que ce candidat qu’on disait gâteux s’effaçant, le jour de son intronisation, devant une poétesse noire de 22 ans investissant l’investiture : Amanda Gorman ! Nous traduisons son chant.