Dans le domaine du soin, de l’éducation ou du travail social, les services publics se trouvent de plus en plus contraints de « transformer » leurs « usages » sur le mode d’une managérialisation, d’une privatisation et d’une marchandisation extensives. Penchons nous sur les principes de cette mutation, avant d'aborder l'effet sur les pratiques.
Accaparés par l'urgence sanitaire du Covid, nos contemporains semblent toujours plus indifférents à cette « autre épidémie » qui sévit insidieusement et contribue à déliter notre lien à la réalité et aux conditions concrètes d'existences. Dès lors, notre langue a perdu ses ancrages, nous lévitons, en exil du monde et de nos sensibilités. Avec quelles conséquences morbides pour nos subjectivités?
Est-il possible de maintenir une posture soignante neutre alors que nos conditions d'exercice se trouvent entravées par des décisions politiques ? Comment réagir face aux souffrances induites par la gouvernance néolibérale, produisant exclusion, tri et relégation ? Rester soignant ne suppose-t-il pas de s'engager pour préserver la santé et la dignité de nos patients mais aussi de notre société ?
Au-delà des discours, qu'en est-il de la réalité des pratiques inclusives ? Comment prendre en compte le témoignage de ceux que l'on n'entend jamais, les exclus, les laissés pour compte ? Quels retours d'expériences sur le terrain du vécu, sur le plan des situations incarnées ? Dès lors, pourquoi faut-il vraiment lutter ?
La visibilité dramatique de la crise actuelle dans le domaine psychiatrique ne constitue que la partie émergée d’une mise mal chronique des institutions soignantes. Mais, à force de détruire et de démanteler, on finit par se confronter aux conséquences. Alors, on va aller encore plus loin…
Les soins pédopsychiatriques sont en pleine déliquescence…De réformes en empêchements, la situation devient absolument dramatique pour de nombreux enfants et leurs familles, victimes d’un abandon systématique et délibéré. Panorama d’un naufrage.
On observe actuellement une tendance à la médicalisation extensive de problématiques socio-politiques ou existentielles. Or, cette dynamique induit manifestement des effets d’occultation et d’invisibilisation ; mais aussi, paradoxalement, une véritable mise à mal du Soin.
Dans le champ pédopsychiatrique, la tendance actuelle est à la désinstitutionalisation et à la plateformisation des dispositifs thérapeutiques. Au-delà des slogans modernisateurs, penchons-nous sur les conséquences concrètes de ces évolutions : démantèlement, tri, délaissement, sacrifice…
Au niveau des instances politiques, mais aussi de certaines fondations privées influentes, on prépare activement l'avenir de la psychiatrie. Les perspectives font rêver : dématérialisation du soin, rentabilisation de la filière santé mentale, exploitation des données, protocolisation et mise en cohorte des "usagers", démantèlement des institutions publiques en faveur de plateformes privatisées
Présentées comme des opportunités de flexibilisation et d’autonomisation, les plateformes constituent en réalité des dispositifs de fragmentation et de renfermement. Au-delà des effets concrets sur les pratiques professionnelles, on peut aussi observer des implications inquiétantes sur les subjectivités, un démantèlement des collectifs et une menace patente pour les institutions démocratiques.