Le rapport de la Défenseure des Droits concernant la santé mentale des enfants vient à nouveau mettre en exergue une situation affligeante de délaissement et de mépris aux conséquences dramatiques. Au-delà la satisfaction éhontée de nos gouvernants, le retour des pratiques confirme le saccage de toutes les institutions en charge de l'enfance. Comment est-il possible de le tolérer ?
Suite aux scandales de la maltraitance managériale en entreprise, on a pu découvrir que le management pouvait tuer, littéralement. Cependant, de façon plus insidieuse, l’emprise managériale poursuit son œuvre destructrice et meurtrière, à travers notamment le délitement du tissu social et le démantèlement du soin. Dès lors, l’hospitalité crève.
La psychanalyse attise manifestement une vindicte toujours aussi passionnée. Mais quels peuvent être les enjeux d'une telle haine ? Au-delà des implications de la théorie analytique sur la représentation de notre humanité, ces diatribes sont manifestement instrumentalisées au niveau politique pour légitimer la mise à mal du soin relationnel et institutionnel.
Plutôt que de défendre le fondement des pratiques soignantes, il s’agit désormais de forcer l’innovation lucrative, sur un mode managérial et autoritaire. Petit tour d’horizon d’une tendance qui pourrait presque devenir comique si elle n’était pas absolument tragique…
Alors que les pratiques soignantes sont de plus en plus mises à mal par des impératifs gestionnaires, il parait indispensable de se pencher sur ce qui fonde véritablement le Soin, au-delà de ses aspects opératoires. Car là se déploient des enjeux politiques qui touchent à la reconnaissance de notre vulnérabilité originaire.
La grande parade des Assises de la santé mentale organisées sous l’égide de l’Élysée s’avère totalement déconnectée des enjeux réels de la pratique clinique de terrain et des mises à mal concrètes du soin. Dès lors, cette exhibition médiatique peut même prendre des aspects cauchemardesques…
Au-delà des grands principes sous-tendant l'acculturation des services publics à la logique marchande, examinons les effets concrets sur les pratiques à travers certaines réformes dans le domaine du soin, de l'éducation et du travail social : précarisation, décollectivisation, plateformisation, rentabilité, dématérialisation, délaissement...En avant toute !
Dans le domaine du soin, de l’éducation ou du travail social, les services publics se trouvent de plus en plus contraints de « transformer » leurs « usages » sur le mode d’une managérialisation, d’une privatisation et d’une marchandisation extensives. Penchons nous sur les principes de cette mutation, avant d'aborder l'effet sur les pratiques.
Accaparés par l'urgence sanitaire du Covid, nos contemporains semblent toujours plus indifférents à cette « autre épidémie » qui sévit insidieusement et contribue à déliter notre lien à la réalité et aux conditions concrètes d'existences. Dès lors, notre langue a perdu ses ancrages, nous lévitons, en exil du monde et de nos sensibilités. Avec quelles conséquences morbides pour nos subjectivités?
Est-il possible de maintenir une posture soignante neutre alors que nos conditions d'exercice se trouvent entravées par des décisions politiques ? Comment réagir face aux souffrances induites par la gouvernance néolibérale, produisant exclusion, tri et relégation ? Rester soignant ne suppose-t-il pas de s'engager pour préserver la santé et la dignité de nos patients mais aussi de notre société ?