L’évolution contemporaine des définitions et représentations de l’autisme est tout sauf neutre. De fait, ces transformations amènent inévitablement des répercussions sur le plan de « l’identité autiste » mais aussi au niveau des approches « scientifiques » et des combats militants.
Abordons désormais les conséquences sociales et politiques du surdiagnostic. En effet, ce phénomène épidémiologique a des répercussions très concrètes sur le plan de l’organisation des dispositifs thérapeutiques : désinstitutionnalisation, privatisation et plateformisation en marche !
Enfin un programme expérimental innovant à destination des pervers narcissiques - jusque là injustement négligés dans les protocoles d’optimisation cérébrologique ! Grâce à la convergence de la génétique, des neurosciences, du numérique et du management, notre rêve peut maintenant se réaliser….
Visiblement, il y aurait une dimension très subversive et romanesque à suggérer la participation d’enjeux socio-politiques dans un phénomène épidémiologique incontestable : l’explosion des diagnostics d’autisme. Alors, esbroufe ou hypothèses nécessaires ?
La persistance de symptômes après un épisode de Sars-Cov2 apparait comme un phénomène mal compris, très hétérogène et aspécifique. Or, il est troublant de constater la rapidité avec laquelle ce « Covid long » a pu être institué, tant par des mouvements associatifs que par les instances politiques. Dès lors, cette situation apparait révélatrice de certains enjeux contemporains autour du diagnostic.
Contrairement à ce qu'affirment les associations militantes et certains représentants politiques, les troubles du spectre autistiques ont connu une vertigineuse extension de leur prévalence depuis plusieurs décennies. Au-delà des discours idéologiques, il convient donc d'appréhender concrètement ce phénomène, de pointer la réalité d'un surdiagnostic et d'en délimiter certaines raisons.
Dans le domaine de l'autisme, nous assistons à une véritable hégémonie médiatique en termes de représentation, de revendications, et d'affirmations idéologiques. Or, on peut aussi constater une convergence troublante avec des orientations politiques cherchant à démanteler le soin institutionnel en faveur de prestataires privatisés. Au-delà des controverses, quels conflits d'intérêt ?
Les enjeux en termes de politique et de prise en charge des autistes dépendent d’une définition plus ou moins consciente de ce qu’est "le spectre autistique". Or, une véritable hégémonie culturelle semble actuellement émerger en termes de représentation : les "neurodivergents" constitueraient une minorité opprimée, qu’il faudrait absolument libérer en démantelant le soin institutionnel
Qu’est-ce qui peut amener certaines personnes à vouloir revendiquer médiatiquement leur appartenance à telle ou telle catégorie diagnostique ? Comment comprendre les enjeux tant personnels et identitaires que communautaires et collectifs par rapport à ce maniement social du diagnostic ? Mais au fond, de quoi parle-t-on au juste lorsque l’on évoque un trouble ou une catégorisation nosographique ?
De plus en plus, la médecine se trouve sommée de valider des catégorisations diagnostiques établies a priori, du fait notamment d’enjeux communautaires. Sous couvert de progressisme, l’institution médicale tend alors à figer les parcours identificatoires, à normaliser, tout en désavouant les principes mêmes du soin. Comment, face à ces injonctions, préserver la créativité et l’expérimentation ?