L’édition “Ce que parler veut dire”, titre de l’ouvrage de Pierre Bourdieu de 1982, se propose d’observer non seulement l’évolution de la langue, qu’elle soit écrite ou parlée –à travers les expressions1
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à la mode, les tics de langage, les mots qui voyagent d’une langue à l’autre– mais de scruter également l’instrument de communication, au sens où Bourdieu l’entendait, c’est-à-dire « la langue signe extérieur de richesse et instrument de pouvoir ». En d’autres termes cette édition sera une sorte de loupe, au cœur de la sémantique et de la pragmatique, parties intégrantes et fondamentales de la linguistique, dont la définition la plus claire et la plus simple est celle qui a été donnée par François Récanati, 1981, “Les énoncés performatifs”, Paris, Editions de Minuit :
« La pragmatique s’intéresse à ce qui a lieu sur l’axe locuteur-auditeur, c’est-à-dire à l’échange de paroles comme activité intersubjective, comme pratique sociale ; elle étudie ce qu’on fait avec les mots, alors que la sémantique étudie ce qu’ils signifient, ce dont on parle en les employant. »
Lorsque le Nouvel Observateur publia, le 5 avril 1971, – bien en amont du vif débat qui allait secouer les bancs de l’assemblée nationale en mai 1974, lors de la discussion de ce que l’on appelle désormais la loi Veil, promulguée le 17 janvier 1975 – une liste de 343 femmes courageuses qui décidèrent d’affirmer que, en toute illégalité à l’époque, elles avaient avorté ; Charlie Hebdo, la semaine suivante, le 12 avril 1971 fit une « une » particulièrement provocatrice, qui n’avait d’autre but alors que de dénoncer les propos et les agissements rétrogrades et machistes d’une grande majorité de parlementaires de droite.
« I am really sorry for this terrible arbitrage. » C’est dans cet anglais très approximatif que Frédéric Thiriez, président de la Ligue du Football Professionnel, s’est excusé vendredi dernier, auprès du président du Qatar-Saint-Germain, Nasser Al-Khelaïfi, à l’issue de la rencontre de Ligue 1, disputée au Stade de France entre Lens et le club précité, rencontre à la suite de laquelle l’arbitre Nicolas Rainville a été critiqué pour avoir expulsé trois joueurs en cinq minutes.
Le langage est généralement révélateur de la pensée d’un individu et de son comportement. Et l’on sait par ailleurs que les informations et les échos qui paraissent chaque semaine en page 2 du Canard Enchaîné n’ont jamais été démenties et s’appuient, en règle générale, sur des bases solides.
Bien qu’il n’y ait ni mot d’ordre, dans cette édition, ni volonté de faire du réchauffé, il m’a semblé utile de republier aussi un billet de blog personnel, hors-éditions, ici sur Mediapart, du 16 avril 2008, billet qui décrivait l’utilisation insensée, ou plus exactement vide de son sens initial, de voilà, car six ans plus tard voilà continue son étrange carrière et l’absurdité aussi.