Enfin, nous allons pouvoir cesser de retenir notre souffle et écouter, et compatir et pleurer pour les femmes et jeunes filles tuées, violées, agressées, mutilées le 7 octobre, maintenant qu’enfin s’estompent les manipulations de l’internationale d’extrême droite pour désigner les féministes comme « complices ». Des décennies que nous luttons sans vous. Des décennies que nous survivons sans vous. Pour elles toutes, nous, sommes révoltées du lever du soleil jusqu’à son coucher.
Victimes et auteurs ne sont pas à égalité ni psychologiquement, ni moralement, ni, la plupart du temps financièrement et je pense important de le rappeler. L’Etat doit respecter les droits de la défense et la présomption d’innocence mais il doit aussi protéger les victimes. Ce n’est toujours pas le cas en France en 2023.
Le relativisme juridique est aussi une morale, qui ne veut pas dire son nom. Cela s’appelle le libéralisme, qui fait tout reposer sur les individus, qui met un signe « égal » entre agressé.e et agresseur, qui s’acharne à dépolitiser tous les antagonismes qui structurent notre société, qui abhorre la dialectique et qui noie tous les combats nécessaires dans les eaux glacées du calcul égoïste.
On prétend alors que « l’époque actuelle » serait une époque « victimaire », que le « nouveau féminisme » « fabriquerait des victimes »… et l’on en profite finalement toujours pour dénoncer la libération de la parole des femmes et des enfants, contester les avancées obtenues en la matière, et étriller le travail militant des féministes.
Ce que le mouvement actuel contre la « réforme » des retraites dit du prolétariat féminin (et pourquoi c’est essentiel) - Luttes, féminisme et syndicalisme La lutte « contre l'androcène » devrait être au coeur de la bataille des retraites.
Dans notre architecture pénale, le véritable « ennemi » de la Défense, ça ne devrait jamais être la victime (surtout quand elle est mineure), mais bien le Parquet qui mène l’accusation (et les forces qui mènent l’enquête). Tout autre choix interroge sur le sens de l'engagement.
Ne rien faire de concret contre les violences de genre internes aux organisations politiques, c'est les favoriser. Les favoriser c’est nous discriminer.
Elles en ont de la chance, ces consœurs qui savent reconnaître « les bonnes victimes » des « mauvaises victimes ». Les « vraies victimes » des « fausses victimes ». Les « justes combats » des « mauvais combats ». Elles ont de la chance ou un test ou une poudre magique. Moi, je n’ai pas ça en magasin.
Même si les cellules de signalement sont imparfaites, même si le fonctionnement de certaines d’entre elles semble problématique à certains égards, aujourd’hui, une organisation politique ou syndicale qui ne dispose pas a minima de ce mécanisme interne n’a plus aucune crédibilité sur le sujet des violences faites aux femmes.
L'affaire (ou plutôt, la « non-affaire » ?) Abad est de nouveau l'occasion de revenir sur le sujet de la présomption d'innocence, à propos de laquelle tant de choses fausses ou inexactes sont dites, y compris par des professionnels du droit (qui font plutôt de la propagande que du droit).