On le sait, le Nobel fait des miracles. Révolutionner les choses serait même sa vocation première. Qui eût cru que le prix instauré par un inventeur errant à travers l'Europe, certes génial mais sans éducation sérieuse et pas toujours jugé fréquentable par les grands de ce monde allait devenir la récompense suprême des avancées de la science ? Toutefois la prestigieuse médaille semble détenir d'autres vertus encore qu'Alfred Nobel ne pouvait que difficilement prévoir.
Selon les spécialistes, le système immunitaire, cette merveilleuse mécanique destinée à préserver le corps humain de ce qui pourrait lui porter préjudice, se trouve parfois prise en défaut lorsque plusieurs facteurs adverses s'ajoutent l'un à l'autre. Il pourrait bien en être de même au sein du grand corps social qu'est notre société.
« J'arrêterai de faire de la politique quand les politiciens arrêteront de nous faire rire », avait coutume de dire le regretté Coluche. Hélas, il semblerait qu’une fois de plus, après un quinquennat riche en mauvais numéros de tragi-comédie, la loi de séparation entre le rire et l’Etat ait été franchie. À moins que l’ancien maire Dassault, après ses échecs face aux électeurs et peut-être insatisfait du silence douillet du Sénat, n’ait voulu se lancer dans une nouvelle carrière dans le rire ?
Si toute civilisation, au sens noble du terme, pose des limites à la toute-puissance du fort et s'édifie sur le respect et la prise en compte de celui qui est momentanément en situation de faiblesse, elle doit en permanence surmonter ses propres démons, ceux-là précisément qui la poussent vers un état de chaos où l'homme est un loup pour l'homme.