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Le blog de Juliette Keating

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Sans moi
Expression populaire, Montreuil 2020 © JK
Année grise qui s’achève blanchie de cendres et de deuil. ÉpuiséEs, l’on songe à ce qui vient quand nous en sommes encore à compter nos mortEs, et l’on frémit. Ce qui vient, ce qui est déjà là mais prendra sa pleine force dans les mois et les années qui suivront la catastrophe. -
Les mains sales de la récup’
Le respect dû au défunt abominablement assassiné n’aura donc pas assourdi les braillements des tartuffes de la laïcité. On aurait pu attendre un peu de décence devant l’insoutenable, mais nous sommes en période électorale et il convient de faire feu de tout bois pour racler dans la fange quelques suffrages de cette opinion publique si avare d’approbation en ces temps difficiles pour chacunE. -
Faire son âge
Cette tension entre l’âge tel qu’il se calcule à partir de la date de naissance inscrite sur l’état civil, l’âge ressenti, désiré, rêvé, et celui que, généreusement ou perfidement, les autres nous « donnent », n’a jamais été pour moi plus qu’une source de malentendus et de vexations bénignes. Pour certainEs, c’est une question de vie ou de mort. -
Espérance Résistance
« Quand les vieux deviennent fous, c’est aux jeunes d’être sages. » Dans ce roman jeunesse, j’ai voulu faire vivre l’engagement écologiste d’un groupe d’adolescents et d’adolescentes inspirées par les mots de Greta Thunberg et qui découvrent dans la lutte que leur cité à une histoire, que la solidarité de ses locataires est une force. -
Dans la bouche: des cendres
Turner, incendie du parlement de Londres 1834 (détail)
Le théâtre du monde brûle et iels activent les braises, et iels soufflent sur les flammèches pour étendre le brasier : le chaos est leur élément naturel, leur vie réclame la mort des autres. Les profits enflent quand s’épaissit le tas des cadavres. -
Vacuoles d'espoir
© Gilles Walusinski
En attendant, la rentrée nous arrive sous la forme d’une grande fatigue, d’un ras-le-bol global, d’une absence d’envie de vivre les galères que celleux qui nous gouvernent nous ont concoctées avec en ligne de mire une élection présidentielle encore lointaine mais dont on sent déjà les relents de moisi même à travers le masque. -
Le ver et le fruit
© JK
Ce livre d’Henri Bosco, je n’y songeais plus. Il dormait quelque part dans une zone reculée de ma mémoire. J'ouvre « L’enfant et la rivière », quarante ans plus tard. Retrouverais-je les saveurs et les rêves de l’été 1980 à la campagne, où j’ai distrait l’ennui d’une après-midi écrasée de chaleur par la lecture de cette aventure écrite trente-cinq ans plus tôt, au sortir de la guerre ? -
L'attente
L’attente est partout si elle n’est pas dite. Passivité peut-être, mais aussi : silence dur et affilé comme le fut, par des mains habiles, le silex au seuil des commencements. On fourbit ses armes sans le savoir vraiment ; colère latente qui soudain prend corps. -
Gangrène
Le poisson, dit-on, pourrit par la tête. Mais quel genre de carnassier des marais est cette cinquième république qui n’en finit pas de moisir ? La tête est grosse, certes, et bien corrompue, mais la nécrose infecte depuis longtemps tout le corps de la bête. La république pue le cadavre, mais ne crève point : pire, elle mord encore.