Un regard de côté

Au printemps 2023, la France connaissait l’un des plus grands mouvements sociaux de son histoire. Mobilisé·es pour la défense des retraites, nous avons déferlé par millions et fait vaciller un pouvoir qui ne s’en est jamais remis. Alors qu’un climat de tension sociale inédit s’installe ces jours-ci, j’ai voulu publier ce texte intime et politique qui était resté dans un tiroir de mon ordinateur.

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux sont remués d'une vague #MeTooGarçons. Qu'il s'agisse d'incestes, de viols par des hommes, de viols par des femmes : une nouvelle parole se libère. J'ai attendu trois ans de lire ces messages, disant régulièrement à mes ami·es qu'on "manque de récits" pour pouvoir s’y reconnaitre, que cela avait été un obstacle à ma propre prise de conscience.

J'aimerais vous raconter* pourquoi, à contre-cœur, je ne suis pas allé à la marche contre l'antisémitisme. Il ne s'agit pas d'un désintérêt, au contraire. Il ne s'agit pas non plus d'une prise de position politique, juste de ce que j'ai ressenti ces derniers jours.

La situation à Gaza et autour remet une nouvelle fois en question notre capacité à prendre position pour la justice. Le soutien à la libération de la Palestine est plus que jamais indispensable, l'intransigeance face à l'antisémitisme l'est tout autant. Pour cela, revenir à une morale choisie, révolutionnaire et intersectionnelle n'est pas une option.

Les blancHEs de classe moyenne qui viennent spontanément dans les révoltes de ces dernières nuits ou qui les soutiennent sont la première génération à massivement participer à cette alliance. Le noter c'est comprendre aussi d'où cela vient et tracer des perspectives. Des notes à chaud, sans prétention ni attente de « conseils ».

Élisabeth Borne a longuement évoqué lors de son discours de politique générale du 7 juillet, ladite-nécessité d’une loi de programmation générale en matière de sécurité, ainsi qu’une seconde en matière de justice. Comment la gauche peut, quant à elle, préparer sa réponse en évitant les erreurs du passé ?

Ce ne sont ni les éditocrates, ni les appels d'appareils politiques co-responsables de la défaite qui vont me convaincre d'aller voter le 24 avril. Je ne les écoute plus. Plus grand monde ne le fait d'ailleurs.

Longtemps, manifester contre la venue des fascistes électoraux dans nos villes a été une tradition des mouvements sociaux. Au fil du temps, de la « dédiabolisation », des scores du FN/RN et de l’épuisement, ce réflexe semblait se perdre un peu. L’arrivée du monstre Zemmour sur la scène électorale semble réveiller nos ardeurs, et les mêmes débats qu’avant.

L'agenda raciste et négationniste se déroule. Les candidats écologistes et de gauche apparaissent faibles par rapports à cet enjeu. Pourtant, c'est à l'extinction précoce du siècle que nous assistons.