Comme d’habitude quand la justice soupçonne un trouble psychiatrique, le tribunal envoie le prévenu en prison attendre qu’un expert statue notamment sur sa « dangerosité criminologique », même si personne ne sait exactement ce que c’est.
Dans cette émission, on s’intéresse aux audiences de maintien en centre de rétention administratif (CRA), au cours desquelles la préfecture demande au tribunal de prolonger l’enfermement des personnes étrangères qu’elle veut expulser.
Le juge évoque gravement le sort des victimes : « C’est insupportable ! Ces gens placent leur vélo dans un lieu sécurisé et se le font voler malgré tout ! Par pure curiosité, vous le vendiez combien ? » Le prévenu : « 70 ou 80 €. » Indignation dans la salle.
Le prévenu veut être jugé tout de suite mais son avocate demande à ce que le dossier soit renvoyé pour que puisse être réalisée l’expertise psychiatrique qui n’a pu être faite pendant la garde à vue. Le prévenu est envoyé en prison en attendant l’expert.
Dans cette émission, on parle de la justice en Turquie : au-delà de changements considérables depuis les années 1990, elle a toujours été un outil au service du pouvoir, utilisant entre autres la lutte antiterroriste pour réprimer les militant⋅es kurdes, mais aussi tout type d’opposition, qu’elle soit syndicale, sociale ou politique.
Quand le juge regrette qu’on n’en sache pas plus sur le seul témoin de l’affaire, un homme lève timidement la main. Il a préparé un document, rangé dans une chemise plastifiée. Mais le tribunal l’ignore. Il finit par renoncer, l’air embarrassé.
Selon l’avocat de la défense, la patrouille de la Bac n’a contrôlé le prévenu que parce qu’il avait déjà été condamné pour du trafic : « Et, à la fin, ils sont tellement chafouins de ne pas avoir trouvé de stup’ qu’ils se rabattent sur un refus d’obtempérer. »
En Kanaky Nouvelle-Calédonie, l’institution judiciaire a accompagné la répression militaire des révoltes qui ont commencé en mai dernier. Trois mois après le début des événements, le procureur de la République de Nouméa annonçait plus de 238 comparutions immédiates et 196 incarcérations. Louise Chauchat, qui défend trois militant⋅es de la CCAT, nous parle de la répression judiciaire.
Par La Sellette
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Pendant deux jours, le prévenu a participé à un trafic de cocaïne. Il a 19 ans, un casier vierge et habite chez sa mère. Le juge amuse la salle à ses dépens avant de l’envoyer pour 8 mois en prison.
De nombreuses personnes atteintes de troubles mentaux sont envoyées en prison après avoir été jugées en comparution immédiate. À travers deux récits d’audience, on revient sur cette question, qui croise la notion problématique de « dangerosité », la présence – ou non – d’expertise psychiatrique dans le dossier et l’illusion des magistrat⋅es que la prison peut être un lieu de soin.