Chaque match a sa beauté qui lui vient de l’incertitude. L’entraîneur serbe Vujadin Boskov avait pour habitude de dire : « Le football est imprévisible parce que tous les matches commencent à 0-0. »
Je renonce à calculer, même sur une seule journée, le nombre d’informations dédiées au football via la télévision, la radio, le voisinage, et les cinq quotidiens spécialisés. On est dans le « fait social total » selon la formule de Norbert Élias doublée par cette autre de Manuel Vázquez Montalbán : « Les seules choses qui fédèrent l’Espagne sont la Liga et El Corte Inglés (chaîne de grands magasins) ».
Règle numéro un, assurer le secrétariat de mes sensations, qu’il s’agisse de littérature, la lecture en ce moment de L’immeuble Yacoubian m’emporte vers les rues du Caire avec des personnages enlisés dans l’impossibilité de s’émanciper, histoires tendres et rudes à la fois, ou qu’il s’agisse de mon équipe, hep !, deux journées de Liga, deux victoires.
Toutes les conditions sont réunies pour désaimer le football d’aujourd’hui surmené par l’argent. Pourtant, je reste à table. Toutefois à une seule table. Celle de « mon » club, le Barça.