En partant du principe que la loi portant sur la réforme des retraites a suivi un cheminement légal, prévu par la constitution, auquel ont été conviés les parlementaires, du moins par leur abstentionnisme au moment du vote de la motion de censure, il en ressort selon lui que la procédure est démocratique. Or, le respect scrupuleux du droit, ce que l’on nomme légalisme donc, n’est pas nécessairement synonyme de démocratie.
L’usage du mot « casseur » largement repris par le gouvernement et les médias, loin d’opérer une distinction entre les modes d’expression légitime et illégitime d’une colère, relève en réalité d’un mode d’exercice du pouvoir visant à dissimuler les rapports de domination qui s’exerce à travers l’Etat en catégorisant comme déviant tout individu ou comportement remettant en cause sa légitimité.
Le recours au 49.3 sur la réforme des retraites, bien que légal, est vécu comme un heurt démocratique par la population. Un an après l’interdiction des médias russes dans l’UE, ce passage en force et les réactions qu’il suscite nous permet d’explorer pourquoi notre société a été, et demeure, aussi perméable aux discours portant sur le discrédit de notre démocratie, au profit de l’extrême droite.
[Rediffusion] Le parti pris du gouvernement sur une hypothétique nécessité budgétaire de réformer les retraites ainsi que le cadrage mis sur leur mode de financement qui ne pourrait passer que par un allongement du temps de travail, présenté comme une mesure de bon sens, dissimule en réalité un changement anthropologique quant au regard porté sur l’activité de vie en dehors de la sphère marchande.
À peine avons-nous eu le temps de prendre connaissance du meurtre de Lola, que c’est du profil de la coupable présumée dont il était dès lors question. Il est temps de nous interroger sur la célérité dont l’extrême droite a su faire preuve, parfois à visage masqué, pour porter des thématiques racistes à l’ordre du jour médiatique, et pourquoi cela ne provoque plus autant d’indignation.
C’est dans le recours quasi-systématique à l’histoire que réside la force de frappe cognitive du discours d’Eric Zemmour. Loin d’être une simple obsession personnelle, il explique le dynamisme de ses militants par la mise en récit de la lutte politique à travers un schéma narratif d’ordre religieux que les "Mythes et mythologies politiques" de l’historien Raoul Girardet nous permettent d’éclairer.
Parmi les anathèmes que se lancent les divers candidats à la présidentielle il en est un qu’Eric Zemmour se trouve seul à employer : « traître ». Cette rhétorique de la traitrise, loin d’être un simple effet de style, témoigne en réalité d’une conception binaire du monde propre à l’extrême droite, de Charles Maurras à Carl Schmitt…