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Elle me dit d'une voix au timbre complice que je suis la première personne à qui elle a confié son récit de vie. Et surtout que je suis la seule personne sur terre qui en sait autant sur elle.
Puis soudain, d'un regard de séductrice, elle me chuchote :
J'ai eu une belle vie, tu sais !
Elle a juste 35 ans.
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Finalement de désespoir, elle me lance :
- Mais comment se fait-il que je ne me souvienne absolument pas de toi, en rien?
Je lui montre ma main, et je lui dis :
- Imagine que c'est ça, la photo de ma bande. Là, tu reconnais tel, là c'est tel autre. Et là et là et là, tous, tu les reconnais. Sauf le gars, là, qui est flou sur la photo. Ben lui, c'est moi!
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Je me souviens de mon enfance rurale et pauvre. Mais aimante. Comme me l'avait jeté à la figure, un jour de dédicace de " La Saison des figues", cette bourgeoise bien sur elle, et devant tout le monde. Elle m'avait dit en quelque sorte que c'est beaucoup mieux d'avoir été misérable et aimé que riche et je-ne-sais-quoi-qui-dit-qu'un-enfant-n'a-pas-été-par-sa-propre-mère.
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Douce France, que n'es-tu un peu moins rude avec ces jeunes désœuvrés qui fuient les guerres là-bas chez eux où ils vivaient leur vie comme se vit la vie chez eux. Et qui n'en veulent point à la France, quand-bien même savent-ils tous que ce sont – en bonne partie - les bombes françaises qui ont détruit leurs chez eux.
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Il a soudain une voix grave, et son visage prend encore plus de vieux. Il se met à me parler en chuchotant, comme pour me confier à moi seul quelque secret, alors même qu'il sait qu'à part lui et moi, personne ne comprend l'arabe. Ils étaient 600 dans deux embarcations, et l'une d'elle a chaviré sous le poids des passagers (...)
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Je ne voulais pas quitter Mikaël, le journaliste belge rencontré au Cap Gris-Nez. Soit il en a dit trop, soit pas assez sur les réseaux mafieux qui font venir les migrants ici. (...) Je persiste: Je suis venu voir autant que possible ce que l'on fait des miens!
Il finit par me donner rendez-vous dans un bistrot du centre-ville de Calais
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Une journée de grande épreuve à Grande-Synthe. D'abord il faut chercher, et chercher sans cesse ces lieux où les nôtres parquent les nôtres, en notre nom, en notre âme et conscience. Mais étrangement personne ne sait ou presque. Ça fait genre "nous nous bouchons les oreilles, et nous nous voilons les yeux"(Brel). (...)
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J'ai regroupé mes dernières chroniques bisontines et marocaines sur mon site web:
http://kharmoudi.mustapha.free.fr/
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Mais mon enracinement se fera d'abord chez les Marocains, ma communauté d'origine. Trois personnalités hors du commun me prendront en charge. Je vivrai aurpès d'eux des moments inoubliables. Éternels. Et parmi eux M'hamed Naïm qui vient de s'en aller.
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- Comme je suis contre le mariage, c'est pas toi qui devras demander ma main, c'est moi. Et comme je suis contre qu'une femme porte le nom de famille du mari, ça sera toi qui porteras le mien. T'es d'accord ?
- Euh... je vais y réfléchir...
- Non non, il faut me dire oui tout de suite. Comme ça je vais passerai tout mon week-end à dénoncer ce régime de merde...