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Juin. Les nuits sont encore fraîches mais l’été s’annonce. Vers cinq heures, le jour se lève, puis les premiers rayons de ce très vieux soleil éclairent la cime des arbres touffus de la vallée et se répandent sur tout le paysage. Image de paix ; fugitive, illusoire, vision d’éternité.
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Année après année, le chaos du monde s’étend, du nord au sud, d’est en ouest, balayant au gré de vents toujours plus monstrueux la vie des humbles, des malchanceux, vies fragiles, éphémères, coquilles de noix légères ballottées puis englouties aux profondeurs de l’oubli par les flots déchaînés de mers toutes-puissantes
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Transmettre de génération en génération
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Mes plus chers trésors, tu me les as arrachés sans pitié. Tu les as emportés loin de moi. Merveilleux, éphémères instants, empreints de tant d’images
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Voici pour toi, à l’aube d’un jour nouveau, qui s’enfuira comme s’enfuient tous nos jours, un poème en forme d’offrande, composée d’étranges fleurs où tu trouveras, couleur de sang, les roses du fin’amour d’antan
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Mes lèvres qui, au long des années, effleuraient souvent ton front soucieux d’un baiser appuyé et sincère, c’était aussi, songes-y, par leur intermédiaire, les lèvres douces et tendres de ta mère qui t’aimait si fort
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Un soir d’été, en un autre temps, délicatement, longuement, je posai les lèvres sur ton front pour te souhaiter bonne nuit. Ce fut mon tout premier baiser d’un amour sublime, d’un amour platonique, d’un amour fervent qui transfigurât le dur réel, qui scellât pour toujours la Rencontre de deux êtres destinés l’un à l’autre sans le tourment du désir, sans l’appel de la chair.
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Ici, près de la grange, tu rangeais à l’abri le bois livré pour l’hiver, et l’empilais en stères ordonnées. Je me disais que tu le faisais pour nous, c’était à mes yeux comme une offrande sacrée à l’amour qui nous liait depuis tant d’années.
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Mon amour, mon amour de toujours, mon amour infini, comment peux-tu rester de glace alors que chaque jour et chaque nuit, depuis si longtemps, tout mon être brûle de la fièvre de Toi, l’Unique, l’Indispensable, l’Adoré sans égal ?
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Le soleil a rapporté le printemps millénaire et, avec tant de beauté, l’immémoriale mais provisoire joie au cœur de chaque être pourtant destiné tôt ou tard à disparaître sans laisser de trace.