Professeure agrégée honoraire, Docteure de l'Université de Rouen, Qualifiée aux fonctions de maître de conférences, Chercheure en sciences humaines indépendante, poète à ses heures
DIEPPE - France
Le village de Xiyang du district de Lintong, situé au centre de la Chine, à une trentaine de kilomètres de Xi’an, l’ancienne capitale impériale, millénaire, continuait de vivre cahin-caha au rythme des saisons, malgré les soubresauts de l’histoire
C’était donc de cette façon-là que son pays avait besoin de lui en cas de conflit armé ? Il serait juste bon à servir, comme tant de millions d’autres, de chair à canon, malgré sa faculté de penser, avec clairvoyance, de juger, avec discernement, de s’émouvoir, avec humanité ?
Mais le temps traînait en longueur. Il se retrouvait toujours entre ces quatre murs. Il n’en voyait pas le bout. Il avait aussi été décidé, en haut lieu, que puisque le jeune-homme ne pouvait pas servir sous les armes comme les autres, on tirerait parti de son expérience de jeune instituteur
Il avait demandé à son père de faire intervenir un de ses confrères et ami, suppléant du député élu, afin que son dossier ne soit pas simplement jeté aux oubliettes.
Dès son arrivée à Arta, le jeune-homme avait été présenté à ce capitaine ; celui-ci s’était alors empressé de téléphoner à l’infirmerie de Djibouti pour savoir ce qu’il allait faire de ce gars.
Le jeune-homme refit le calcul des jours échus depuis son arrivée en Afrique, le 23 juin. Le 24, il était passé de la caserne de transit locale à celle du 5e Régiment Interarmes d’Outre-Mer.
Il avait soudain réalisé qu’à Djibouti, il n’y avait rien : ce n’était qu’un bout de désert, un port mort à cause de la fermeture du Canal de Suez depuis la Guerre des Six Jours, des boutiques qui se comptaient sur les doigts des deux mains et, pour un soldat, c’était tout.
Djibouti : des maisons de style colonial, assez pauvres, une végétation quasi inexistante, des chèvres dans les cours. Comme en Métropole, il y avait des chiens, des jeeps partout, la mer grise et non rouge, grise comme le ciel mais chaude à ce qu’on disait.
Après quatre mois et demi de « service militaire », devenu « national », en ces temps de relative paix d’après-guerre - nous étions en 1972 – le jeune homme qui venait d’avoir vingt et un ans, et s’était déclaré volontaire pour partir outremer, avait découvert sur une note de service qu’il allait être envoyé à Djibouti.