Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l'Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l'Institut de Recherches de la FSU
Paris - France
Il y a longtemps que l’école catholique cherche à contourner les principes de la loi Debré mais en annonçant explicitement sa volonté de rompre avec ces principes, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique ouvre une nouvelle phase offensive dont il ne faut pas négliger les enjeux.
L’académie de Dijon va attester de compétences à enseigner le français pour des enseignants qui ne disposent pas des diplômes universitaires pour le faire … un bel exemple de stratégie néolibérale de détricotage des exigences statutaires.
Plusieurs enseignant·es de l’académie de Créteil viennent de faire l’objet d’une mutation dans l’intérêt du service. L’administration dispose d’un pouvoir discrétionnaire dont elle use pour des raisons qui sont loin de se justifier par des besoins organisationnels mais qui menacent les fondements démocratiques du service public.
En présentant leur rapport d’information sur « la sensibilisation de la jeunesse à l’esprit de défense » les députés Alexandra Martin (LR) et Frédéric Boccaletti (RN) ont demandé à ce qu’il soit donné « plus de militarité » à l’éducation morale et civique ! Le contexte nous demande-t-il de renoncer à l'éducation la paix ?
Accepter de réduire les finalités de l'école à la construction d'attitudes positives et résilientes ou lutter pour une patiente construction des savoirs qui reste l’instrument incontournable de l’émancipation ?
On pourrait avoir le sentiment que les révélations récentes de gravissimes violences scolaires puissent augurer un renoncement … pourtant le doute subsiste sur la capacité de la volonté politique à faire cesser des pratiques instituées qui restent fondées sur des conceptions éducatives de soumission.
L'école doit éduquer les enfants et les adolescents à lutter pour leurs droits à être protégés de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation.
Le constat des inégalités entre les hommes et les femmes interroge l’école sur sa capacité à se mobiliser pour une véritable éducation émancipatrice capable de déconstruire les normes sexistes et de transformer la société vers une égalité réelle entre les femmes et les hommes.
La souvenir d'un ministre de l'Education nationale humaniste et enclin au dialogue ne doit pas nous faire oublier les visions très libérales de François Bayrou dont le projet est en réalité de soumettre le service public d'éducation aux initiatives individuelles et locales pour le livrer aux principes concurrentiels du marché.