Les sondages deviennent la vérité en quelques partages, puis un sujet de débat essentiel. Avant d’être oubliés, balayés par le chiffre du lendemain. Ce blog propose un pas de côté : j'essaye de décortiquer1…
les statistiques pour rendre visibles les coulisses les chiffres qu’on brandit en une des journaux. Représentativité, biais d’échantillon, marges d’erreur, effets de formulation… mais aussi indicateurs économiques, mesures publiques, statistiques sociales.
Ce qui m’agace particulièrement, ce sont ces unes de journaux qui s’ouvrent sur un “Un sondage révèle que…” comme si ce simple mot suffisait à valider n’importe quelle affirmation. On ne connaît ni la question posée, ni la taille de l’échantillon, ni la marge d’erreur, ni même la méthode employée. Pire : l’effet d’annonce suffit souvent à faire oublier qu’un sondage, c’est avant tout une construction fragile, dépendante de nombreux choix techniques, parfois contestables. Ce raccourci paresseux (“un sondage dit”) transforme un résultat incertain en vérité indiscutable. Et ce sont ensuite ces chiffres flous, mal contextualisés, qui nourrissent les débats, les polémiques, les indignations… jusqu’au prochain “scoop chiffré”, aussi fragile que le précédent.
J'essaie d'être ni austère, ni complotiste, ce blog s’adresse à celles et ceux qui veulent comprendre comment on fabrique des “vérités chiffrées” et pourquoi il faut les comprendre dans un cadre plus large. J'essaierai de dire du bien aussi des sondages, qui peuvent être utiles et pertinents. Et de traiter d'autres sujets : méthodologie statistique, fonctionnement des statistiques publiques, lectures critiques et explications techniques. Afin de vous donner envie de lire les notices méthodologiques avant de lire les résultats.
Parce qu’au fond, "1000 personnes pensent que", c’est souvent un peu plus, un peu moins, ou parfois… pas du tout.
86 % des Français·es favorables à la taxe Zucman : ce chiffre aurait pu clore le débat, mais non. Ce sondage est devenu la star de la semaine médiatique : unanimité populaire d’un côté, scepticisme des responsables politiques et des éditorialistes de l’autre. Revue de presse du traitement médiatique d'un sondage.
Chaque trimestre, tous les pays européens produisent des chiffres de l'emploi et du chômage. Différents indicateurs sont exigés par Eurostat selon une même définition et permettent aux gouvernements nationaux de piloter leurs politiques. Mais je souhaite ici axer mon billet sur ce qu'il se passe après la mesure.
Depuis 2005, une loi française permet aux parents hétérosexuels de transmettre le nom du père, de la mère, ou les deux. Mais dans les faits, le nom du père domine toujours. Et aujourd’hui, il est devenu quasiment impossible de mesurer cette inégalité, faute de données disponibles. Un billet sur la dépendance de la statistique publique à la donnée administrative.
Chaque élection voit refleurir les tests électoraux, ces outils en ligne censés vous indiquer à quels partis vous êtes le plus proche. Ludiques, rapides, ils prétendent vous aider à faire un choix éclairé. Mais derrière la simplicité apparente de ces boussoles électorales se cachent des choix méthodologiques qui influencent, parfois fortement, les résultats.
Imaginons un instant que l’on applique la logique électorale aux sondages de l’Insee ou de Statbel : on ne redresse rien, on publie les résultats bruts, sans tenir compte de ceux qui ne répondent pas. Résultat ? Une pauvreté en chute libre, un chômage quasi disparu, et une fracture numérique envolée. Absurde ? C’est pourtant exactement ce qu’on fait avec les votes. Petit exercice de pensée
« 1000 personnes pensent que… » Cette phrase, avec sa variante « un sondage affirme que... », est une réduction d'une réalité souvent complexe. Elle aplatit 1000 situations personnelles en un chiffre unique. Et lorsqu'elle devient un pourcentage, elle prend le risque de n’être plus que cela : 11,5 %. Par exemple, 11,5% des belges sont en situation de risque de pauvreté monétaire. Est-ce souhaitable ?
Dans un sondage, « redresser » les résultats sonne comme une entourloupe. Manipulation statistique ? Détournement partisan ? Et pourtant, c’est un des outils les plus rigoureux qu’on ait pour corriger certains biais. À condition de bien comprendre ce qu’il fait… et ce qu’il ne peut pas faire. Un billet de blog suite à la commission d'enquête sur les sondages
Les sondages façonnent nos débats, influencent les urnes, mais que mesurent-ils vraiment ? Opinion ou réalité, faits ou impressions, beaucoup sont brandis comme des vérités alors qu’ils reposent sur des méthodes fragiles. Ce billet discute les idées reçues et explore les raisons de leur faire ou non confiance.
"7 Belges sur 10 souhaitent un leader fort, sans contre-pouvoirs". À l’origine, une étude de la fondation « Ce n’est pas une crise », qui prétend mesurer une retribalisation inquiétante de la société belge. Mais que mesure-t-on vraiment ? Derrière ce chiffre-choc se cache une enquête aux fondations méthodologiques fragiles.
"Depuis sa condamnation, Marine Le Pen peine à s'imposer comme une personnalité 'honnête'". Voilà, Sud Radio peut rapidement vous informer sur tout ce que les Français·es pensent de cette condamnation en première instance. « Un sondage » a donc encore frappé ! Mais à vouloir aller vite, on mélange quelques chiffres et on oublie la logique des sondages.