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Je regarde ces gens dehors, vêtus du jaune de l’espoir insurrectionnel.
Je les regarde et ce que je vois, ce n’est pas tant la colère ni la violence que la vie qui exsude d’eux comme jamais. Une vie qui prend son sens dans un combat qu’ils ont fait leur.
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J’ouvre les yeux à vive allure et fixe la mer, me rattrapant à sa beauté ensorceleuse comme à une rampe solide. Je contrains la peur à faire marche arrière d’un cri de l’âme puissant, claquant devant moi comme un fouet. Je lui ordonne de me laisser en paix encore un moment.
Alors le calme revient. Mes mains se détendent, l’étau autour de mon cœur se desserre.
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Depuis que je suis petite fille, je parle avec une partie de moi que nul ne connait.
Elle est mon intime, mon amie, ma compagne. Elle et moi, nous nous parlons sans jamais élever la voix, sans jamais douter l’une de l’autre. Aucun sujet ne nous échappe. A demi-mots, nous nous comprenons.
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...et puis, tout à son combat, voilà qu’elle n’a plus le temps, notre famille, de s’occuper de ses proches, de ses amis, de cette partie de la famille qui ne vit pas sous son toit. Tout ce qui constituait le cocon qu’elle s’était construit au fil des années, devient, futile, incongru… encombrant même parfois...
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Parfois, entre deux lignes d’une poésie enchanteresse, qui sait faire cohabiter admirablement les mots amour et merde dans une même phrase, je me demande comment ce père tient le coup. Comment se fait-il qu’il ne s’effondre pas, tout simplement ? Et puis je lis encore, ces chapitres courts, comme une nécessité pour être en mesure de respirer malgré tout, et je me surprends à l’envier...
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Le souci, lorsqu’on est parent d’un enfant différent, c’est le perpétuel décalage entre la réalité de notre quotidien et le résultat de nos innombrables combats.
Le système est à ce point alourdi par son inefficacité, que lorsqu’on a la chance d’obtenir, ne serait-ce qu’un peu de ce qu’on réclame de nos droits fondamentaux, la plupart du temps il est trop tard.
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Je suis fatigué maman. Ce monde, ce monde-là, ne me va pas. Je ne l’aime pas. Je dois faire des efforts pour aller dans un monde que je n’aime pas. Je dois faire des efforts pour quitter un monde que j’aime. Ça me rend malheureux. Ça me met en colère.
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Théo, 14 ans, autiste asperger, ne veut pas être inclus à l'école. Il est heureux d'être dans une école spécialisée car lorsqu'il est avec d'autres autistes il peut être lui-même.
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Je regarde cet homme merveilleux que je côtoie maintenant depuis 10 jours, avec lequel j'ai travaillé en orchestre, en privé, avec lequel j'ai pris presque tous mes repas depuis... Et je lis dans ses yeux qu'il est possible de souffrir l'indicible et de rester un homme juste et droit.
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L’autisme devient un symbole. Symbole d’un dysfonctionnement sociétal, médical, familial, psychologique. Le symbole d’une peur profonde, peut-être ancestrale, qui grignote au quotidien la raison de tout un chacun.