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Plus Théo progresse, plus son autisme passe inaperçu, non seulement aux yeux du monde, mais également aux siens. Nous ne pouvons que nous en réjouir bien sûr, car aujourd’hui les portes s’ouvrent devant lui et il parvient à se projeter dans un futur qui lui ressemble...
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J’étais musicienne et mère de 4 enfants, lorsqu’à 40 ans j’ai mis au monde mon fils Théo.
Ce que je ne savais pas, c’est qu’en vérité dans notre société, tout est mis en place pour accueillir la normalité, mais que, dès lors qu’on dépasse un peu trop des bords prévus, alors tout s’écroule.
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Je voudrais demander à tous les hommes de mon entourage de ne plus porter de jeans moulants. En effet, j'ai un goût prononcé pour les fesses masculines et leur vue m'occasionne toujours une montée de dopamine qui me transforme en tigresse. Je salive, perds mon sang-froid...
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Lors du rendu de sa méta-analyse, le docteur Laurent Mottron constate avec inquiétude, à quel point le diagnostic d’autisme a été dévoyé et ne reflète plus la réalité de ce trouble particulier. « Aujourd’hui, dit-il, il suffit d’avoir du mal à se faire des amis où être dérangé par l’étiquette de son vêtement pour être diagnostiqué autiste ».
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A toutes celles et ceux qui viennent haut et fort inonder mon espace de leur venin sans humanité sans chercher à savoir qui je suis derrière mon écran, qui se moquent du sujet sensible que je traite et de l’engagement qui est le mien… A toutes celles et ceux qui s’imaginent porteur de la seule vérité qu’ils entendent m’inculquer de force si besoin… A ceux-là je voudrais dire que je vous plains.
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Je me souviendrai toute ma vie de cette nuit-là, passée à assembler ces instants de vie que j’avais tout d’abord écartés car je ne les avais pas considérés comme importants pour les médecins.
Voilà ce à quoi j’étais en train de participer ! Oublier mon fils derrière l’autiste, afin de me conformer au regard médical ainsi qu’à sa classification.
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Il n'est plus question de lui dire que tout s'arrangera, car il voit bien que je suis aussi démunie que lui. Je ne peux que tenter de comprendre dans quel vide il se trouve pour ne pas l'y laisser seul. Souffrir avec lui, peut-il suffire ? Et si oui, combien de temps allons-nous tenir
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Je regarde en arrière et je me dis que l’énergie que j’ai mise à vivre et à élever mes enfants supplante tout ce que j’aurais pu faire d’héroïque, que le plus grand courage est celui de garder la place. Je vois tout ce qui est hors de portée et j’enrage parce que j’ai le sentiment d’avoir été lâche. Je perçois ce moment dans ma vie où j’ai pris le chemin qui m’empêcherait de sauver le monde.
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Le regarder, jour après jour et ce depuis presque toujours, prendre sur lui, se battre à mains nues, sans relâche contre ses hyper-sensibilités, contre cette façon de fonctionner qui se butte à la norme… et se demander jour après jour et ce depuis presque toujours pourquoi un enfant doit grandir dans le combat, autiste ou pas.
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C’est cela que nous attendons d’eux. Qu’ils fassent rempart de leur corps, pour défendre les nôtres. Et nous trouvons presque normal que, les uns après les autres, ils tombent au combat.
Tout à coup, ils redeviennent humains, tout à coup, on les oublie, ils rejoignent la cohorte des malades anonymes… On ne les applaudit plus à nos fenêtres.
Quelle horreur. Quelle solitude doit-être la leur !