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Le blog de Xavier Prieur

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Forêts
© Julie Siboni
Souvent, celles qu’on appelle forêts sont en fait de vastes monocultures, où le chant des oiseaux se fait rare, où les populations des supposés nuisibles sont régulées ou chassées. Les quelques rares forêts encore libres et sauvages sont des pieds de nez frontaux et sans détour à l’économie capitaliste dont l’objectif ultime est la standardisation et le profit. -
Cette obscure monarchie du désir
© Claudius Pan
Tu sais que cette injonction à la jouissance provient des images qui nous dominent. Cette industrie des images qui nous oblige à des schémas, dessine nos envies, force nos désirs, nous modifie. Tu penses à la crise de la représentation du désir, au capitalisme pharmaco-pornographique de Paul Preciado. On s’oblige à rejouer des films porno, on est écrasé par la nécessité de performances. -
Voici des flics, des fleurs, des larmes et des discours
Les livres ne brûlent pas bien © Xavier Prieur
L’ultra-médiatisation de ces événements ne fait que renforcer l’effet traumatique de ces crimes et, d’une certaine façon, donne aux prochains événements un air encore plus tragique. -
Le silence de Pan
Panique·s © Xavier Prieur
Ça faisait un bon petit temps que je n’avais pas fait entrer ma carcasse quelque part. À chaque fois que je pénétrais dans un bâtiment, il y avait une sorte de toile d’araignée tendue comme la face d’une vieille actrice qui me jetait dehors. Ça avait commencé par les boucards et les boîtes à boulots. Puis tous les trucs avec des toits. J’savais pas quoi faire alors j’suis restée à la cloche. -
Les cours d'école
cabanes © Xavier Prieur
Tu aurais pu l’habituer à la dureté et en faire un petit soldat. Mouler son poing dans ton ventre meurtri. Réveiller la haine que tu as ressentie. L’utiliser pour te venger. Le conditionner aux derniers siècles, en faire un modèle qui répéterait les mêmes violences et cognerait à son tour. Tu aurais pu céder aux injonctions et lui refiler les codes de la domination qui trainent un peu partout. -
JEUNESSES
Photo couverture © Camille Holtz
Parce que parler de la jeunesse renvoie trop souvent à la façon dont nos sociétés, capitalistes et mondialisées, investissent notre perception du corps afin d’y installer des frontières entre jeunes et vieux, entre capables et incapables, entre obsédés et frigides, entre une jeunesse réaliste qui se prépare à l’âge adulte et une jeunesse perdue qui se complait dans ses révoltes. -
SAVOIR FAIRE
Couverture du 1er numéro de la revue Polymorphes © Sébastien Plassard
On sent l'envie revenir. L'envie d'apprendre ce qui a été désappris, l'envie de faire, l'envie de se rappeler à la matière. L'envie de réapprendre à observer, l’envie de s’ennuyer, l'envie d'être plus en accord avec la nature, de se rappeler à elle, de la sentir. Comme si on apercevait à nouveau ce fil qui nous relie au monde et qu'on voulait le tirer plus fort, pour le nouer à notre existence. -
NO KID NO SPEAK
Childfree © Xavier Prieur
Et tous les jours, tu te rends compte qu’on te crache dessus, qu’on te traite de paria, de sans-ventre, de danger, de terroriste. Toi, tu veux pas prendre plus de places que l’espace que ton corps occupe, tu veux tenir la main de personne, courir sans regarder s’il y a quelqu’un derrière, s’il y a quelque chose qui crée des attaches ou qui couine. Tu ne sais plus à qui parler, tu te sens seule. -
LES OUTILS DU MAÎTRE
Etats d'urgence © Xavier Prieur
On s’énerve un peu. Vous sentez que ça peut partir en vrille, y a un truc qui commence à bouillir à l’intérieur de vous. Vous êtes au milieu d’une station que vous traversez souvent, avec des gens qui passent, des inconnus, des compagnons de voyage. Vous posez un pied contre le mur. On le rabat par terre à coup de cheville. Vous comprenez le minuscule moment par lequel l’humiliation commence.