Faire reculer la pauvreté passe par un changement du regard que nous portons sur les personnes aux prises avec la précarité et l'exclusion. Le cinéma, l'émotion, le rire, l'imaginaire sont de puissants outils pour cela. Or le cinéma - comme la société - méconnaît et ignore largement ce que ces personnes vivent.
En août, une militante d'ATD Quart Monde m'expliquait de sa voix calme : "Je passe des jours et des jours à calculer comment je peux m'en sortir avec le RSA." Depuis des années, les familles aux plus faibles ressources voient la part de leur budget consacrée aux dépenses contraintes progresser plus rapidement que pour les classes plus aisées.
Pour justifier la suppression des contrats aidés CAE-CUI, nos responsables politiques répètent à satiété que ces aides sont un échec car elles ne permettent pas aux personnes de se réinsérer dans le marché de l'emploi. Mais ce constat ne devrait pas conduire à réduire les contrats aidés. Il devrait au contraire interroger leur transformation et leur extension sous diverses formes.
La lutte contre la pauvreté : un sujet absent de la dernière campagne électorale et du programme de presque tous les partis, de droite comme de gauche. La faute aux électeurs ? Aux politiques ? Est-ce irrémédiable ? La lutte contre la pauvreté peut-elle se passer des politiques ?
La lutte contre la pauvreté, ce n'est pas que des souffrances en moins pour un certain nombre. C'est aussi du bonheur en plus pour tout le monde. Comme toutes les grandes luttes, elle avance lorsque non seulement elle supprime des injustices, mais aussi quand elle produit de nouvelles solutions utiles à tous.
La lutte contre la misère et l'exclusion se joue aussi (et d'abord?) sur le terrain des mots. Les mots qui désignent les personnes et peuvent soit les valoriser, soit les dégrader. Mais aussi les mots qui servent simplement à communiquer. Lorsqu'on en a perdu l'usage suite à une expérience d'exclusion, c'est comme un nouveau langage à réapprendre. Et pour les "inclus" aussi !
Je lis la presse locale. J'écoute les élus locaux. On ne parle pas de ces difficultés qui s'aggravent dans le pays de Ploërmel comme ailleurs. Ça ne fait pas vendre et ça ne fait pas réélire. Tout le monde regarde ailleurs.
Inondations au Bangladesh, cyclones aux Philippines, sécheresse au Sahel... Les effets du dérèglement climatique affectent plus durement les pays du sud alors même qu’ils en sont les derniers responsables.