C’était attendu. Après les manifestations imposantes et pacifiques du 5 décembre, les nervis de toute obédience (en noir, en jaune, en brun) sont retournés à leur tâche favorite, traditionnelle, leur seule raison de vivre : le sabotage du mouvement social en cours par la violence.
En une journée, sur des revendications sociales clairement définies, à l’appel des syndicats et des organisations professionnelles, les manifestations auront rassemblé pratiquement autant que les gilets jaunes en une année…Pas de quoi déstabiliser leurs habituels zélateurs qui ont promené l'opinion pendant toute une année ?
Parmi les questions oubliées du 5 décembre (par les enseignants mais pas seulement) : la place exorbitante prise dans les dépenses publiques par le budget militaire qui n’a jamais de comptes à rendre à une opinion publique qui s’en accommode, il est vrai, avec une complaisance déconcertante.
A l’approche de la grève du 5 décembre, Mediapart réenfile son gilet jaune (qu’il n’avait d’ailleurs jamais réellement quitté) et retrouve son pire visage, déjà montré l’an passé, celui d’un media qui trompe ouvertement ses lecteurs (payants…) pour se faire l’organe quasi officiel d’un mouvement – les gilets jaunes – auquel l’ensemble de ses abonnés serait censé adhérer.
Alors que la nécrologie confirme l’extrême jeunesse de la majorité des 13 soldats morts au Mali, il n’est pas anodin de rappeler que leur premier contact avec l’armée s’est déroulé dans le cadre de leur scolarité, avec une "éducation à la défense" dont le but affiché est de susciter des vocations militaires parmi les élèves. Des élèves auxquels on ne dit pas tout...
Les gilets jaunes auront bien du mal à accuser les différents organes d’information de dénigrement systématique: après une année pleine et entière où ils auront bénéficié d’une exposition médiatique sans rapport avec leur importance réelle, voilà que le « premier anniversaire » (sic) du mouvement fait l’objet d’une extravagante couverture.
En instituant, avec le SNU (service national universel), une période d’encasernement obligatoire pour tous les jeunes de 15-16 ans, la France montre le peu de cas qu'elle fait de la Convention internationale des droits de l'enfant dont on célèbre dans quelques jours le 30e anniversaire.
Dans un contexte de poussée identitaire et xénophobe qui repousse toujours plus ses limites, on peut à juste titre mettre en avant la responsabilité de quelques agitateurs médiatiques. Mais c'est oublier que cette poussée se développe sur un terrain déjà préparé. Un terrain qui rencontre le chemin de l'école.
Poisseuse et ampoulée, la tribune livrée au Monde par Souad Ayada illustre une nouvelle fois la dérive d’une laïcité scolaire qui n’en finit pas de payer un lourd tribut à sa récupération par les milieux identitaires et racistes de tout bord.