« …française d’origine juive, je ne ressens en moi aucune affectivité irrationnelle ni indulgence confinant à la cécité à l’égard d’Israël. J’exige le droit de me réclamer d’une origine juive et de voir en Israël un état parmi les autres… »
Devant la commission d’enquête Bétharram, en assimilant la gifle à un simple « geste éducatif », Bayrou – approuvé par toute une partie de la classe politique – a donné une légitimité inattendue à une violence éducative toujours très présente dans les fantasmes et les programmes politiques.
Le très fantaisiste rapport sur les Frères musulmans d’un ministre en campagne électorale sur les terres de l’extrême-droite pousse toujours plus loin ce qui ne peut plus se cacher comme une forme de persécution officielle, systémique, de toute une partie de la population française.
Ouverture d’un camp de concentration pour migrants à Saint-Pierre-et-Miquelon, réouverture d’un bagne en Guyane, prisons de toujours plus haute sécurité etc : à droite, le concours Lépine de la sécurité bat son plein, dans une surenchère sans fin avec l’extrême-droite, une course où sécurité et justice s’effacent et s’annihilent derrière la punition et la vengeance qui en changent la nature.
Des enfants sous terreur, des enfants sous silence, des enfants sous silence parce que sous terreur : la violence éducative ordinaire (c’est-à-dire légitimée par les détenteurs de l’autorité) n’a pas sévi qu’à Bétharram. Cette note de blog d’août 2017 évoquait l’émotion que suscitaient en Allemagne les révélations mettant en cause un célèbre chœur d’enfants.
Bétharram ne vient pas de nulle part. La loi Attal brutalisant la justice des mineurs non plus. Confrontés à des enjeux qui les dépassent, les dirigeants mais aussi les électeurs qui les désignent se réfugient dans la désignation facile de boucs émissaires : les jeunes.
Cette année plus que les précédentes, les vertus supposées de la commémoration du 8 mai volent en éclat devant la contradiction entre son objet affiché ("plus jamais ça") et l’extermination de la population de Gaza par son voisin. Une illusion morale et civique entretenue, tout spécialement à l'école, par un "devoir de mémoire" toujours moins crédible.
Comme si le meurtre d’une lycéenne à Nantes ne se suffisait pas à lui-même, son exhibition médiatique aura servi de support à un emballement populiste dont l’école est la cible habituelle. Et comme à son habitude, Retailleau ne pouvait passer à côté de l’occasion.
Afin de promouvoir « l’esprit de défense » chez les jeunes, la commission de la défense de l’Assemblée nationale, dans un rapport corédigé par l’extrême droite, suggère de remplacer l’actuelle éducation morale et civique par une éducation résolument militaire et patriotique.
Les dénégations ne changent rien à la chose : les violences subies à Bétharram par des générations d’élèves n’auraient pu perdurer sans le silence et l’aveuglement – d’une certaine façon sans la connivence – d’une Éducation nationale qui avait le devoir de les sanctionner. Il faut croire que les priorités de l’Éducation nationale sont ailleurs…