Doit-on craindre un coup d'Etat policier ? A contempler l'étrange danse du ventre à destination des éléments les plus réactionnaires de l'institution policière à laquelle se livrent nos gouvernants, on est en droit de s'interroger.
J’ai rêvé qu’au lendemain de l’abominable massacre de Nice, la classe politique et médiatique faisait enfin amende honorable en renonçant à cette politique de haine et de peur qui lui tient lieu de seule boussole face à la criminalité dite terroriste.
La violence qui, depuis son commencement, traverse le mouvement de contestation initié devant la dernière tentative en date du gouvernement de liquider l'ordre public social procède avant tout de la violence institutionnelle des pouvoirs publics.
L’état d’urgence n’a jamais été utile à la répression de la criminalité terroriste. Plutôt que de le reconnaître, le gouvernement préfère se raccrocher à des arguties plus pathétiques les unes que les autres, quitte à racler les fonds de tiroir de la criminologie low cost.
Profitant toute honte bue de l’émotion suscitée par les assassinats du 13 novembre dernier, le camp réactionnaire n’en finit pas de dévider la pelote des mauvaises solutions autoritaires. Voici désormais la reprise de cette vieille antienne extrémiste d’un droit de tuer accordé aux forces de l’ordre.
Contrairement aux déclarations lénifiantes de ses promoteurs, l'inscription de l'état d'urgence dans la Constitution ne vise nullement à nous protéger d’une hypothétique aggravation de ce régime d’exception, mais bien à prémunir le pouvoir répressif d’une censure de dispositions intrinsèquement incompatibles avec les exigences les plus rudimentaires de l’Etat de droit.
Quiconque a suivi, fut-ce d’un œil distrait, les conséquences de la guerre déclarée au terrorisme en 2001, ne peut qu’être consterné par les annonces du gouvernement. Comment prêter crédit à sa volonté de lutter contre ce phénomène quand les solutions qu’ils préconisent sont celles-là même qui, dans le chaos irakien puis libyen, ont donnée naissance à Daesh et sa folie meurtrière ?
Veut-on vraiment que ce soit la dernière ? Alors que notre pays a connu la plus grave attaque dirigée contre une population civile depuis cinquante ans, peut-être serait-il temps de prendre enfin la question terroriste au sérieux. En commençant, en tout premier lieu, par refuser de céder à une nouvelle envolée martiale dont toute personne sensée sait qu’elle ne peut avoir pour effet que de renforcer le phénomène que l’on prétend combattre.