Voici maintenant le temps des larmes. Les réformes en cours concernant le financement des institutions soignantes véhiculent toujours la même idéologie et les mêmes contraintes : restrictions budgétaires, uniformisation, démantèlement des pratiques, rentabilité... En arrière-plan, la possibilité même du soin institutionnel s'en trouve menacée. Comprenons pour résister!
Dans le champ du médico-social, la gouvernance managériale s'impose de plus en plus, sans égard pour la réalité des pratiques de terrain. Désormais, ce sont des slogans, des mots d'ordre publicitaires qui s'imposent, sans aucune concertation avec les acteurs. Sur la forme, la prégnance de cette mutation idéologique peut faire sourire. Quant aux conséquences sur le fond...
Le Covid a mis en valeur l'engagement des acteurs de terrain, alors même que les structures administratives hors-sol montraient leurs insuffisances et leur méconnaissance des réalités concrètes. Dès lors, c'est le sens du travail et les organisations professionnelles qui doivent être repensés, en réaffirmant la priorité des pratiques, de la créativité, des liens, de l'institutionnel, et du soin
Les perspectives de déconfinement induisent des problématiques spécifiques dans les domaines du soin et de l'éducation. Des choix vont devoir être revendiqués : faut-il poursuivre le télétravail? Ou convient-il prioritairement de renouer les liens et les pratiques sur le terrain, en se saisissant des normes de sécurité sur un mode créatif? Voici l'alternative : se reinstituer ou se plateformiser
Le débat est vif par rapport à la perspective du déconfinement scolaire. Ainsi, en dépit des postures idéologiques, il convient d'appréhender les enjeux concrets sur le plan épidémiologique mais aussi social. Au-delà, se profilent effectivement le rôle de l'éducation et de l'école, ainsi que le souci que nous prodiguons à nos enfants. A l'aune de la crise, faut-il repenser l'institution scolaire?
Suite aux perspectives de déconfinement, certains "vieux réfractaires" ont pu s'insurger de ce qu'ils estiment être des préconisations discriminatoires à l'égard des "seniors". Plus que jamais, le contexte épidémique vient mettre en exergue les enjeux intergénérationnels et interroger notre modèle social de solidarité entre générations. Nos aînés sont-ils vraiment sacrifiés? Et notre jeunesse?...
Le contexte épidémique semble entrer en résonance avec des tendances contemporaines profondes : celles de l'effacement des corps, dans leur dimension désirante et relationnelle, mais aussi des fondements collectifs de nos existences. Ces transformations anthropologiques induites par le capitalisme numérique trouvent ainsi un allié imprévu dans le coronavirus...
Au-delà des pratiques médicales intensives et de l'urgence, il convient de réaffirmer une conception élargie de la "fonction soignante". En effet, le soin ne peut se limiter à sa dimension opératoire : les liens, les gestes, les attentions, les paroles, etc, sont également essentielles. De même que les dispositifs sociaux capables de prendre soin de nos communs et de nous protéger collectivement.
La crise actuelle révèle impitoyablement nos travers collectifs, mais aussi nos forces, nos résiliences et nos espoirs. Au-delà de l’urgence, on peut déjà s’interroger sur ce qui pourra en émerger : comment nos subjectivités, nos rapports à l’intime, au corps et à l’espace public seront transformés ? Quelles orientations seront prises sur le plan politique, socio-économique ? L’après est déjà là
La crise épidémique actuelle met particulièrement en exergue les enjeux du lien et du soin, alors même que le confinement s’impose et que notre système sanitaire implose. Or, ce sont toujours les plus vulnérables qui risquent de subir davantage ces processus de « dématérialisation », comme en témoignent déjà les contraintes pesant sur les pratiques soignantes et institutionnelles.