Comprendre les enjeux actuels de la domination suppose de pouvoir en appréhender les origines et les fondements, sur le plan historique et anthropologique. Ainsi, dresser une généalogie de l'institution patriarcale permet sans doute de cerner certains déterminants de la coercition et de l'oppression. Préliminaires d'une grande fresque en plusieurs épisodes...
En dépit des revendications à l'émancipation et à la déconstruction, nous ne pouvons que constater le retour en force de certains stéréotypes concernant le féminin et le masculin, même au sein des mouvements les plus progressistes. Or, face à l'urgence politique, il ne peut y avoir de lutte commune sans reconnaissance d'une implication partagée
Face à l'intensité de certaines contradictions, il est parfois nécessaire d'affirmer un positionnement, tout en reconnaissant les polémiques susceptibles de cristalliser les incompréhensions, l'hostilité et le rejet...Mais le dialogue reste évidemment ouvert sur le plan des idées. A bon entendeur.
Au-delà des enjeux stratégiques, les luttes féministes doivent-elles se replier sur des dynamiques identitaires clivantes ? Sous prétexte de radicalité, faut-il en arriver à une logique d'ostracisme et d’exclusion ? Quid de l’hétérogène, de l’altérité et de l'émancipation ?
La tendance à naturaliser les normes de genre conduit à des apories manifestes pour aborder les enjeux de l'oppression et des violences. Par ailleurs, les individus ne sont plus appréhendés comme des personnes responsables, singulières, dont la subjectivité s'est construite à l'intersection des déterminismes systémiques et de trajectoires plus intimes, mais comme des catégories essentialisées
Parmi les outils de « déconstruction » et d'ouverture les plus puissants se trouve indéniablement la littérature. Or, dans un souci de « dépatriarcalisation » il faudrait désormais épurer nos lectures selon des critères genrés, de façon à éviter la contamination par des relents de masculinité... Examinons les enjeux.
A travers quelques situations, il s'agit désormais de faire émerger des questions : certaines revendications transidentitaires sont-elles dépourvues de stéréotypes de genre tout à fait normatifs ? Derrière l'émancipation, n'y-a-t-il pas aussi la résurgence de catégorisations réductrices et marchandisables ?
Ne peut-il y avoir de féminisme que décolonial ? Le sexisme et les discriminations de genre sont-ils inhérents à l'impérialisme capitaliste ? Est-ce la modernité occidentale qui a naturalisé l'infériorité féminine et raciale, justifiant l'exploitation ? Autant de questions complexes nécessitant un certain recul afin de garantir des horizons émancipateurs
Où se situent les sources de la domination masculine ? Comment se construisent les normes de la masculinité ? Pour combattre le patriarcat, il convient sans doute de situer les enjeux, d'ouvrir des questionnements, au-delà des slogans militants qui entravent parfois la capacité à penser et à lutter...
La lutte contre les discriminations sexistes et l'affirmation d'une liberté dans l'expression de sa sexualité ou de son identité de genre constituent des avancées sociales indéniables. Cependant, au nom de ces combats, des clivages essentialisants tendent parfois à être affirmés. Dès lors, il convient de s'interroger : c'est quoi être un homme ? Comment se construit et s'exprime la masculinité ?