Si ces statues-là s’animaient, par quelques sorts venus des mornes haïtiens, elles auraient de bien lourds souvenirs à partager entre elles. Ceux des marrons oubliés qu’elles incarnent, des résistants inconnus qu’elles représentent. Creuset des identités à inventer, modeler, bruit des chaînes, des cris toujours audibles
« Les musiciens cherchaient fébrilement à extraire de leurs instruments le souffle qui balaierait le venin, niché depuis si longtemps dans le sang des hommes ».
« Ah, mon fils ! Mon fils ! Qu’as-tu fait ? Qu’est-ce que tu as fait ?
Votre fille. L’expiation imparfaite de sa race.
Mon fils. L’hôte parfait des démons de la sienne. »
Derrière l’influence du romantisme européen: les pas saccadés des fidèles vaudous, des nègres marrons en pleine cérémonie. Le terrible destin des Taïnos, le son des chaînes entravant les pieds des esclaves qui dansent comme ils peuvent pour résister à la déshumanisation et au déracinement.
« Les enfants d’outre-mer semblent n’avoir que le corps d’armée pour se hisser au rang d’honnête citoyen. Souleyman s’était engagé en connaissance de cause; il laissait la philosophie à ceux que ça passionnait. »