À la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Erwan Venn convoque par l’intime les fantômes d’une histoire collective et nationale infamante. Loin d’un roman français qui exalterait le mythe du résistant, « Que la marée vienne et m’emmène plus loin », fait le récit d’une famille dans laquelle les non-dits recouvrent la collaboration du grand-père.
Rébecca Chaillon s'entoure de sept performeuses pour interroger la construction du désir des femmes afro-descendantes dans un pays majoritairement blanc. « Carte noire nommée désir » détourne le slogan d'une publicité pour une marque de café pour s'intéresser à la fétichisation des corps noirs. Réjouissant, poétiquement enragé, le spectacle à la prose époustouflante fera assurément date.
Laure Tixier investit la Graineterie, centre d’art de la ville de Houilles, autour des formes de l’enfermement, thème privilégié de son travail artistique. L'exposition « Floraisons associées aux espaces engendrés » réunit trois corpus d’œuvres qui interrogent, entre l'intime et le politique, l’architecture des prisons, les grands ensembles et les colonies pénitentiaires.
En souvenir d’un ancien amour, un homme prête une maison qu’il ne peut se résoudre à vendre à des femmes artistes qui en font leur atelier temporaire. Dans « les femmes de la maison », Pauline Sales interroge la société au cours des soixante-dix dernières années, en convoquant la figure de la femme artiste. Une mise en abime qui fait la part belle aux actrices.
Pierre Maillet s’empare du roman de Pasolini, écrit sur le tournage du film qui aurait dû être une pièce de théâtre en vers. Ce projet avorté est à l’origine du spectacle ponctué d'extraits de « Qui je suis », l’autobiographie poétique de l’auteur italien. Cinquante ans après, face à la remontée des nationalismes, le conte pasolinien apparait étonnamment actuel.
L’artiste nigérian a investi tout l’été la Friche la Belle de Mai, créant des ponts sensibles entre Marseille et les ports d’Afrique de l'Ouest à travers des souvenirs sonores, visuels et, pour la première fois, olfactifs. Œuvre protéiforme à l’échelle d’un lieu, « Stirring the pot » interroge la ville en tant qu’espace cosmopolite, migratoire et globalisé pour mieux défaire les préjugés.
A la maison de la culture de Grenoble, Elodie Chanut s'empare des mots acérés et poétiques de Pierre Notte pour raconter les difficiles relations d'une famille construite sur une absence, la disparition du père. « Moi aussi je suis Catherine Deneuve », farce féroce multipliant les références au cinéma français, se fait conte musical pour chanter ce qui ne peut être dit.
Retour sur l’exposition « L’école du regard » qui vient de s’achever au musée des Beaux-Arts de Caen. Rassemblant un ensemble d’œuvres picturales provenant de la collection de Roberto Longhi, elle témoigne de la modernité de l’éminent historien de l’art italien qui a voué sa carrière à l’étude de l’art du Caravage et des artistes qui l’ont suivi.
Sur le plateau du Vieux-Colombier, onze ouvrières déléguées tentent de construire une parole collective pour répondre à la proposition de leurs nouveaux dirigeants. Maëlle Poésy met en scène « 7 minutes » à la manière d'un thriller social pour mieux interroger nos résistances. Que sommes-nous prêts à accepter pour conserver à tout prix notre emploi ?
Au Théâtre de Gennevilliers, « Les océanographes », nouvelle pièce d’Émilie Rousset et Louise Hémon, fait le portrait d’Anita Conti, première scientifique à pénétrer dans le monde très fermé des marins, à travers ses archives mises en regard avec les recherches actuelles contée par une océanologue. Les metteuses en scène poursuivent avec beaucoup d'humour leur réflexion sur le discours des images.