Depuis des décennies, on assiste à une entreprise méthodique de déconstruction et d’effacement des repères propres à notre société — qu’ils soient culturels, historiques, linguistiques ou symboliques — au profit de références exogènes soigneusement pensées pour façonner des individus adaptés à un modèle qui n’est pas le leur.
Une part importante de la production musicale martiniquaise, promue par nos institutions et célébrée par de nombreux auditeurs comme un emblème identitaire, ressemble davantage à ce que Omraam Mikhaël Aïvanhov appelait « les excréments de l’artiste », qu’à une véritable œuvre. Au-delà de mon goût personnel, ce succès me paraît être le symptôme de quelque chose de plus profond.
Les CRS, les brigades mobiles, les radars, les opérations coup de poing… tout cela donne à voir une île sous haute surveillance, non pas parce qu’elle menace la République, mais parce qu’elle n’en fait pas vraiment partie.
Cette venue de Manuel Valls en Martinique, en mars 2025, a été une mise en scène de plus de la grande farce coloniale républicaine.
Bienvenue chez toi, dit-on au visiteur, comme si celui-ci rentrait sur ses terres. Car c’est bien ainsi que la République française entend notre pays : une propriété.
Comment peut-on exiger d’un peuple qu’il se sente attaché à ce qui ne lui appartient pas ? Nos actes de destruction ne sont pas dirigés contre notre pays, mais contre les symboles de notre asservissement.
Quand un manifestant brise une vitrine ou met le feu à un bâtiment administratif, il ne détruit pas ce qui est à lui : il s’attaque à ce qui l’opprime.
Ce que l’on nous présente aujourd’hui comme une prise de conscience sur la vie chère et les inégalités n’est qu’un simulacre. Il ne s’agit pas d’une volonté de justice, mais d’une mise en scène savamment orchestrée pour préserver les fondements du système colonial.
Quels personnages, symboles et valeurs voulons-nous ériger comme emblèmes de notre identité collective ?
En observant les statues, monuments et noms de rues de la Martinique, la réponse semble tristement évidente : les personnages et symboles de la colonialité continuent d’être honorés.