Le blog de Juliette Keating

L'occupation d'un atelier désaffecté n'aura été qu'un court répit pour l'une des treize familles expulsées de la Boissière. Une évacuation musclée a mis fin au songe d'un toit, fût-il provisoire. Nul n'échappera au totalitarisme du fric, surtout pas les Roms.

Après plus de cinquante jours d'errance et un hébergement d'urgence voué à l'échec, les familles Roms expulsées de la Boissière se retrouvent de nouveau à la rue. Le collectif de soutien doit repenser son action. Une seule solution : la voie de l'autonomie.

Au bout de cinquante jours à la rue : une poignée de nuits d'hôtel. Il aura fallu la détermination sans faille des familles Roms expulsées et des personnes solidaires pour obtenir enfin un hébergement d'urgence, loin de Montreuil et pour quelques jours. Petite victoire ou retraite amère?

Mais ils sont toujours là. Les treize familles Roms de la Boissière ne se sont pas volatilisées comme on le leur demandait en les expulsant, en plein été. Ils sont toujours là, les quarante Roms, sur la place Jean-Jaurès à Montreuil. Et ils emmerdent tout le monde.

Après quarante-cinq jours de vie à la rue, les familles Roms expulsées de la Boissière sont exténuées. Mais la mobilisation des citoyens solidaires s'étend et se renforce.

Quarante-troisième nuit dehors pour les familles Roms expulsées de la Boissière. Jusqu'à quand?

C'est le soixante-douzième anniversaire de la Libération de Montreuil. Les familles Roms expulsées de leurs habitations du boulevard de la Boissière ne veulent pas être les oubliées de la fête. Elles l'ont dit haut et fort.

Alberto a un an aujourd'hui. Mais, dans le Montreuil de Patrice Bessac, ce n'est pas un petit garçon comme les autres : Alberto est Rom.

L'audience est publique. Nous sommes une quinzaine autour de JJMU qui porte un lourd dossier tout plein de documents et d'arguments. Ambiance de rentrée. Les avocats en robe pénètrent dans la salle et toupillent comme chez eux, tandis que nous parlons à mi-voix, jetant des regards vaguement inquiets sur les lambris et le plafond décoré.

Mais il existe un autre silence. Un silence qui n'est pas plein de toute la richesse sonore des animaux, des plantes et des éléments. Un silence réservé aux humains, un silence vide, un silence mort. Le silence du mépris de l'homme pour l'homme.