Tribune de Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) : la LDH entre aussi en campagne pour la promotion de la citoyenneté et l’égalité effective des droits de toutes et tous. Il appartient à chacune et à chacun d’ouvrir, au printemps, une perspective salutaire de renouveau démocratique et social.
La Ligue des droits de l'Homme (LDH) voit dans les engagements et les mouvements protestataires croissants, qui s’accumulent avec un large soutien populaire, un vivier puissant de solidarité autour des valeurs fondatrices de notre République, de liberté, d’égalité et de fraternité. Ces appels éminemment politiques doivent être entendus.
Ce sont des choix de société structurants qui sont actuellement en débat. Ils interrogent à la fois les finalités essentielles de l’Etat et les modalités des arbitrages à rendre entre intérêts et temps divergents. Quel pacte social, quel partage des efforts et quelle démocratie nous voulons.
Notre inquiétude est grande. Depuis maintenant de trop nombreuses années, la laïcité est l’objet de remises en cause qui en faussent le sens et la portée. C’est pourquoi, nous réaffirmons notre attachement à l’esprit et à la lettre de la loi de 1905 et à sa conséquence, la neutralité de l’État et des services publics.
Ces dernières semaines signent une très inquiétante escalade dans un climat social et politique français, déjà délétère. Des sujets et des impatiences sociales, qui peuvent légitimement faire débat, s’exacerbent en polémiques virulentes et tournent en affrontements verbaux ou physiques, avec une explosion de haine et de violences qui ébranlent la paix civile comme notre démocratie.
Une certaine hystérie médiatique et les violences exprimées sur internet témoignent que la tenue des mères accompagnatrices n’est qu’un alibi. J'appelle à un large rassemblement pour refuser toutes résurgences du racisme, qu’elles qu’en soient les formes et les masques !
Céder aux mensonges de l’extrême droite et du RN en reprenant leurs discours, au lieu d’assumer la contradiction, est mortifère. Cela tend le débat, exacerbe les passions, attise la xénophobie tout en les légitimant. C’est en donnant du crédit à la menace des étrangers et à leur présence croissante qu’ils instillent leur venin d’une France traditionnelle en perdition.
Il n’est pas rare de voir les gouvernants et les grandes entreprises s’en prendre aux activités des associations qui peuvent être dérangeantes par les faits qu’elles révèlent ou les questions qu’elles soulèvent. Elles sont pourtant dans leur rôle de vigilance et d’alerte citoyenne qui alimente utilement le débat public.
Les protections et les droits acquis sont détricotés au profit, aussi, d’un objectif, assumé par la ministre du Travail, de recherche d’économies budgétaires. (...) la majorité présidentielle réaffirme son inclinaison ultralibérale, dont les effets sur la cohésion sociale sont déstructurants et éloignent les plus fragiles de la solidarité nationale.