L'épidémie est la rencontre entre un virus et une société. Cette situation met en lumière certains aspects du régime politique sous lequel nous vivons. Nous sommes donc "en guerre". Nous l'étions déjà. L'ennemi change en fonction de l'actualité.
Mardi 3 mars. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Charles Michel, président du Conseil européen, David Sassoli, président du Parlement européen, survolent dans un avion militaire la frontière gréco-turque. Au sol, policiers et militaires grecs, policiers de l’agence Frontex et miliciens néo-nazis « protègent » l’Europe d’une « invasion ». Deux exilés sont morts par balle.
La Turquie, 85 millions d’habitants, accueille 4 millions de réfugié-e-s, dont la majorité des personnes qui ont fui la Syrie en guerre. Elle ne souhaite plus le faire. L’Union européenne, 450 millions d’habitants, doit prendre la relève et les accueillir. C’est la seule décision qui vaille.
L'utilisation des images animalières par l'Union européenne dans les situations de crise relève sans doute de la psychanalyse. L'art de se faire une grande crise aussi. Courons donc avec les Frontex-lapins à la frontière grecque. Au lieu où La Ferme des animaux se marie avec 1984.
Le 6 février 2014, environ deux cents exilé-e-s tentent d’entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta en nageant. La Guardia civil réplique avec des fumigènes et des balles de caoutchouc. Quinze cadavres seront trouvés du côté espagnol, le nombre total de mort-e-s et disparu-e-s est inconnu. La justice espagnole classera à deux reprises les poursuites contre les policier-ère-s impliqué-e-s.
Cette nuit, 'round midnight, Bojo nous a quitté. Nous restons là, un peu hébétés, de notre côté de la Manche, avec nos vingt-sept clowns tristes. Dont le nôtre.
Tandis que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne, la Grèce projette un mur flottant entre l'île de Lesbos et la côte turque, pour tenter de bloquer les exilé-e-s. Comme si là était le danger pour l'Europe.
Aux frontières de l’Union européenne, il faut produire du résultat. Il faut notamment produire de l’arrestation de passeur-se. Au besoin la police en invente, et fabrique des preuves. Ainsi Hamza Haddi, militant marocain des droits humains, emprisonné trois fois dans son pays, est emprisonné en Grèce avec un de ses compagnons de passage, alors qu’ils venait demander l’asile en Europe.
Macron aurait perdu la prochaine présidentielle. C’est ce qu’affirme Thomas Coutrot sur son blog Médiapart. Au profit de Marine Le Pen si la gauche ne se ressaisit pas. Inversement, si la digue contre le Rassemblement National tient encore, Macron est sûr d’être élu, grâce à la gauche – ci celle-ci ne change pas.
Une frontière fermée à certaines populations, une même politique de rejet : les mécanismes en œuvre en Bosnie-Herzégovine à partir de sa frontière avec la Croatie sont similaires à ceux qu’on trouve en France en lien avec sa frontière avec le Royaume-Uni.