Aujourd’hui, il nous faut des livres qui affrontent. Des livres capables de combattre une pensée faite avant tout pour enfermer et pour tuer la parole. Des livres dissidents, capables de contrer les ravages…
d’idées néfastes et d’engager leur destruction de toute urgence. Des livres contre Kadyrov et Poutine, contre Orban en Hongrie et Aliev en Azerbaïdjan, des livres contre Erdoğan, Xi Jinping et leurs ministres. Des textes de combat contre ces partis qui font de l’exilé notre ennemi. Des livres prêts à défendre la possibilité de vivre l'après-tyrannie, dans le refus des propagandes, des livres de résistance aux haines organisées en partis, des livres bâtis sur une humanité irréductible, des livres pour incendier les peurs qu’alimentent sans relâche nos écrans et nos journaux.
En 2007, avant même de rédiger la Charte 08, Liu Xiaobo considérait qu’en Chine l'Etat et le Parti Communiste Chinois avaient largement perdu la confiance du peuple. Et que leur légitimité en était donc atteinte.
En provenance de Turquie, les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes. Alors on ne va pas se priver de celle-ci : Sevan Nişanyan vient de s'évader de sa prison.
Depuis vingt-cinq ans qu’elle écrit, Aslı Erdoğan n’a pas d’autre ambition que de raconter l’immense souffrance de l’Autre. Une souffrance dont elle veut donner une description humaine et précise. Comme Anna Politkovskaïa pouvait témoigner du long martyr d’un peuple en Tchétchénie, pour empêcher de toutes ses forces l’indifférence des Russes qui y expédiaient leurs bombes et leurs enfants-soldats.
Le droit international ne condamne pas les chefs d'État qui obligent écrivains et journalistes à fuir leur pays pour échapper à la terreur. Au mieux et après des années de procédures, la Cour Européenne des Droits de l'Homme condamne régulièrement l'État turc à payer des amendes à ceux qu'il a jetés des années en prison. Il est temps d'en finir avec la terreur que vivent les écrivains turcs.
Sur la table de la cuisine, à l’heure du crépuscule et la veille du départ, je déplie une carte à moitié déchirée d’Istanbul. Lors de précédents voyages, j’avais marqué d’un K rouge les cafés où j’avais passé des soirées avec Nilay, Aslı ou Ayse. K comme kahve, café en turc. K comme kalp, le mot qui veut dire cœur dans la langue de Nazim Hikmet.
Depuis deux jours que je suis rentré d'Istanbul, j'ai peur d'apprendre dans les journaux la nouvelle de leur mort. Après 110 jours de grève de la faim, emprisonnés depuis plus d'un mois en Turquie, Nuriye Gülmen et Semih Özakça vont mourir dans l'indifférence de l'Europe. Pour avoir refusé de se soumettre au terrorisme d'État, pour être devenus les éclaireurs d'une résistance populaire.
Istanbul, le 21 juin 2017 - Isolés et persécutés par le pouvoir, déchirés entre le désir de justice et la peur d'une guerre civile annoncée, les opposants et démocrates turcs continuent de résister de l'intérieur des prisons à l'extrême violence d'un islam autoritaire.
En Argentine, au mois de mai 1998, au milieu d'une crise financière violente pour les plus pauvres, la fabrique d'aluminium Industria Metalúrgica y Plástica Argentina, à Buenos Aires, fut la première usine à être récupérée par un groupe de travailleurs qui, en la sortant de la faillite annoncée, ont réussi à sauver leurs emplois et à innover par des ateliers de création.
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