Lorsqu’on parle de la Palestine depuis notre terre de France et qu’on dénonce l’impitoyable oppression de l’état d’Israël sur la population palestinienne, il y a toujours des voix pour nous expliquer qu’on n’y comprend rien d’ici. On est « victime de désinformation », il faut connaître la situation « sur place » pour se faire une idée juste... Gaza, cette prison à ciel ouvert, je la connais.
Aujourd’hui, il me semble qu’une révolution esthétique dans les mondes non occidentaux ou minoritaires en occident, en particulier, serait de revendiquer une autonomie par rapport au discours dominant, comme il est prudent de prendre du recul par rapport à sa volonté d’imposer la voie d’une unique forme de démocratie.
L’art est modeste dans son pouvoir de changer le monde, mais il a sa place pour rendre à l’esprit humain dignité et espoir, ou tout au moins redonner en un instant fugitif, au corps et à l’âme, la jouissance de la vie qui va et nous traverse. C’est en tout cas un but qu’humblement on vise à chaque fois.
Si l’art est profondément lié à son existence et que l’artiste est de plus sincère dans sa démarche esthétique face au monde, à son public, à ses fidèles, à ses dieux, alors, la vie se chargera de le remettre en cause, dans sa recherche d’équilibre et d’harmonie. Il devra sans cesse prendre le risque de la chute pour avancer.
Annie Ernaux est célébrée pour son Prix Nobel ces jours ci. Par delà son talent et sa sincérité, ce refus militant de la métaphore poétique dans son style d’écriture, annoncé comme une fidélité à son sujet, est-il lié à une vision du monde qui revendiquerait des origines culturelles dénuées de toute transcendance, tout imaginaire, toute poésie, toute littérature même orale?
Tu n'es pas un « transfuge de classe », tu as la fierté de tes racines, tu plains tant ceux qui se définissent ainsi, quel mépris du ruisseau pour la source...